Bébé pleure…qui se lève ?

Publié par Guénola Blanche-Trégouët  |  Mis à jour le

Les femmes plus réceptives aux pleurs des bébés ?

Les stéréotypes de genre… Un sujet plus que récurrent ces derniers temps. Une toute récente étude vient réactiver la question de l’aptitude innée des femmes à s’occuper d’un tout petit. Cette étude s’est appuyée sur l’observation IRM de certaines zones du cerveau. Les chercheurs ont demandé à 18 hommes et femmes de laisser vagabonder leurs esprits un certain temps, puis ont entrecoupé cette période de courtes bandes sons de cris de bébé... Résultat : à l’écoute des cris de bébé, l’homme garde l’esprit bien au repos tandis que la femme a soudainement l’esprit en alerte. Alors, la femme serait-t-elle réellement plus équipée pour s’occuper des enfants ? La neurobiologiste et chercheure, Catherine Vidal nuance fortement les résultats : «Ces résultats montrent surtout que nous avons tous et toutes des cerveaux différents. Les différences entre les personnes d’un même sexe sont plus importantes que les différences entre les sexes ». Elle pointe un biais méthodologique :« la notion d’échantillon est très importante. On ne peut pas, à partir de 20 personnes, généraliser à toute l’humanité. On est dans des cadres expérimentaux qui sont complétement artificiels par rapport à la vraie vie ».Catherine Vidal précise qu’on ne peut pas cerner réellement l’instinct maternel via une étude basée uniquement sur un IRM. Isoler certaines études et en tirer des conclusions générales et absolues n’a pas de sens. Une méta-analyse regroupant l’ensemble des études effectuées sur ce sujet entre 1996 et 2006, semble plus pertinente et pour le moins sans appel : seuls 2,6 % des recherches recensées mettent en évidence une différence entre les sexes.

Les stéréotypes de genre, de la science à l’éducation des enfants

Cette question d’une assignation des rôles parentaux qui serait programmée génétiquement selon le sexe agite la communauté scientifique et fait l’objet de nombreuses publications. La façon dont sont vulgarisées ces recherches est essentielle puisqu’elle a des répercussions sur l’inconscient collectif et sur nos choix de société. « Certaines études contribuent à nourrir le stéréotype selon lequel les hommes et les femmes sont différents cérébralement différents depuis la naissance», pose Catherine Vidal. Ces présupposés inconscients peuvent avoir de réelles conséquences sur l’éducation données aux enfants. La chercheuse illustre ses propos avec le cas de ces écoles américaines où la mixité n’est pas la bienvenue dans certaines matières au prétexte d’une « sensibilité différente » face aux apprentissages entre les garçons et les filles. « Il est impératif d’agir à la racine et d’intervenir directement auprès des professeurs d’écoles pour les sensibiliser à ces questions » affirme Catherine Vidal. Une certitude qui irrigue le discours politique depuis quelques mois. Najat Vallaud Belkacem, Ministre du droit des femmes, entend lutter contre les stéréotypes sexistes dès la crèche, appuyant son propos sur le rapport que lui a remis récemment Brigitte Grésy. A l’autre bout de la chaîne, il est aussi question d’inciter fortement les pères à partager le congé parental à égalité avec leur compagne.

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