L’homoparentalité : un sujet toujours controversé

Publié par Elodie-Elsy Moreau  |  Mis à jour le par Avec les psychanalystes Jean-Pierre Winter, auteur de « Homoparenté », Ed. Albin Michel, et Geneviève Delaisi de Perceval, auteure de « Famille à tout prix », Ed Seuil.

En France, de nombreux enfants vivent au sein de familles homoparentales : 300 000 d’après les associations, 40 000 selon l'INED*. Nous avons voulu avoir le point de vue de deux psychanalystes sur l’homoparentalité. La place du père et de la mère est-elle vraiment immuable ? Réponses et avis partagés…

Homoparentalité : ce qu’en pensent les psys

Jean-Pierre Winter, plutôt contre l'homoparentalité

« Tout enfant a forcément un père et une mère. Les deux identités sont là, pourquoi les supprimer ? », tel est l’avis du psychanalyste Jean-Pierre Winter. Pour lui, les deux figures sont essentielles à la construction d’un enfant. « C’est une réalité, le père et la mère apportent à l’enfant deux visions du monde, deux façons d’être différentes. De ce fait, même inconsciemment, il y a une attente spécifique de la part de l’enfant vis-à-vis de chacun de ses parents. Sans le savoir, il sait que son père est là pour ne pas le laisser sous l’emprise totale de sa mère par exemple », justifie le psychanalyste.
« Cette question de savoir si l’enfant a besoin de parents hétérosexuels pour son épanouissement nous est imposée par les associations de défense des droits des homosexuels », estime le Jean-Pierre Winter. Selon lui, le vrai questionnement à avoir est « qu’est-ce qui se passe quand on décide délibérément de priver un enfant de son père ou sa mère, en excluant les causes accidentelles, bien sûr. » Le psychanalyste assure qu’on ne peut faire de l’amour une condition du bien-être.« Je ne vois pas pourquoi, pour la première fois dans l’histoire, on devrait légiférer pour ce que revendique une minorité, dans une minorité. » Pour Jean-Pierre Winter, l’envie de se marier et d’avoir des enfants chez les homosexuels, « qui se revendiquaient marginaux, jouissant d’une sexualité libérée, débarrassée de toute notion de conception, n’est « qu’un besoin de normalité bourgeoise ».
Quant à l’adoption homoparentale, le psychanalyste estime qu’il n’y a pas assez de recul. « Cela ne se règle pas en une génération. Et toutes les études sur le sujet sont sans intérêt. Elles sont réalisées par des associations de défense des homosexuels, cela est complètement biaisé ».

Geneviève Delaisi de Perceval, pour l'homoparentalité

La psychanalyste Geneviève Delaisi de Perceval ne partage pas cet avis. « Au vu de ma longue expérience, j’estime qu’il n’y a pas de différence fondamentale pour un enfant à être élevé par des parents du même sexe », explique-t-elle. Selon la spécialiste, le plus important pour le bien-être de l’enfant est que le couple de parents soit solide et s’entende. « Il faut savoir que l’adoption au sein des couples homosexuels est encore plus réfléchie que chez les hétérosexuels. Et les homosexuels ayant des enfants se séparent beaucoup moins que les couples hétérosexuels. Pour Geneviève Delaisi de Perceval, le principal est de raconter, dès le plus jeune âge, son histoire à l’enfant « afin de ne pas l’embarquer dans une situation difficile. »

*Institut national d'études démographiques, 2005

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