Frères et sœurs : 30 conseils éducation

Publié par Catherine Marchi, psychologue et coach  |  Mis à jour le

Voici nos réponses aux 30 questions que vous vous posez sur l'éducation des frères et des soeurs. Suivez le guide !

Frères et sœurs : 30 questions que vous vous posez sur leur éducation

1. Que des filles ou que des garçons, ça fait quoi ?

On a beau être du même sexe, on n’est pas des clones ! Évitez le tir groupé du genre « Venez les filles ! On y va les garçons ! » L’erreur, c’est de mettre tout le monde dans le même panier : ne les habillez pas pareil, ne les coiffez pas pareil, au contraire, soulignez les goûts personnels. La jalousie œdipienne est exacerbée dans les fratries unisexes. Les sœurs se disputent l’attention de leur papa et les garçons les faveurs de leur maman ! D’où des rivalités qui peuvent perdurer à l’âge adulte. Contrairement aux idées reçues, les fratries de garçons ne sont pas forcément plus “bagarreuses” ! Autre lieu commun infondé, ce n’est pas parce qu’ils sont du même sexe qu’ils sont complices. C’est plus la proximité en âge et en centres d’intérêt qui crée l’entente. Ce qui différencie les fratries unisexes, c’est une moindre connaissance de l’autre sexe. Un garçon qui grandit dans l’intimité d’une sœur développe une connaissance plus fine de la gent féminine.

2. Tous les frères et sœurs se disputent-ils ?

Aucune famille n’échappe aux chamailleries, se bagarrer c’est normal, inutile donc de rêver à une totale harmonie quand ils sont ensemble ! Les disputes entre frères et sœurs, c'est normal ! Les enfants imaginent l’amour des parents comme un gros gâteau qu’il faut se partager, et plus le nombre de parts augmente, plus ils se sentent lésés ! Expliquez-leur que votre cœur de parent se multiplie avec le nombre d’enfants, et que des parents peuvent aimer deux, trois ou quatre enfants en même temps ! 

3. Faut-il les empêcher de se bagarrer ?

Les disputes ont une fonction essentielle, elles servent à prendre sa place et se faire respecter. Si vous les interdisez, vous privez vos enfants de moments constructifs. Le lien fraternel s’autorégule, et les affrontements alternent avec des moments de complicité et de jeu. En cas de conflit, ne censurez pas les belligérants, écoutez leurs plaintes et recadrez : « Je vois que vous êtes en colère mais vous devez vous respecter. » Restez à l’écart en cas de petites anicroches, laissez-leur une chance de résoudre seuls le conflit.

4. Doit-on intervenir s’ils se battent ?

Intervenez s’ils en viennent aux mains, séparez-les si l’un d’eux se retrouve en danger ou si c’est toujours le même qui est soumis. Ensuite, prenez l’attaquant par le bras, regardez-le droit dans les yeux et rappelez les règles : « Il est interdit de se donner des coups ou de s’insulter dans notre famille. Je ne veux pas de ça à la maison. » La violence verbale autant que la violence physique est à proscrire.

5. Est-ce que ça mérite une punition ?

En cas de bagarre, ne prononcez pas la question piège : « Qui a commencé ? », car c’est invérifiable et chacun dira que c’est l’autre ! Mieux vaut opter pour une sanction “light” : isolement dans la chambre quelques minutes, privation de square ou de DVD pour chacun. Demandez-leur ensuite d’exécuter un dessin pour leur frère ou sœur comme message de réconciliation et de paix. Ne punissez jamais un seul “coupable” et pas les autres ! Si vous punissez trop fort, vous risquez de transformer une anicroche en rancune tenace…

6. Comment faire pour qu’ils s’entendent mieux ?

Soulignez les moments d’entente cordiale. Quand le silence règne dans la maison, faites des compliments : « Comme vous jouez bien, ça me fait très plaisir de vous voir si contents ensemble ! » Essayez de rythmer leur journée avec des activités sportives, des jeux de société… On se chamaille plus quand on s’ennuie et qu’on n’a rien à faire ! 

7. Pourquoi c’est le pugilat permanent chez vous ?

Première chose, bannissez les « toujours » et les « jamais » de votre vocabulaire. Même si vous avez cette impression, ils ne sont pas « toujours » en train de se bourrer de coups de poing ! L’attitude des parents est fondamentale dans la bonne relation des enfants entre eux. Peut-être faites-vous bloc avec l’aîné contre le cadet, sans en avoir conscience (vous étiez l’aînée de votre fratrie). Ou l’inverse ? Les rivalités peuvent se répéter de génération en génération. Le savoir permet de désamorcer ce phénomène, et si la situation vous échappe, n’hésitez pas à consulter. Autre conseil, ne vous disputez pas devant eux : les enfants réagissent par mimétisme et vous êtes un “modèle” à suivre. Si vous vous disputez, eux aussi ! Ils peuvent également se disputer pour attirer votre attention, ou maintenir en vie le couple parental fragilisé, l’empêcher de se séparer…

8. Que faire s’ils ne veulent pas jouer ensemble ?

Vous rêviez qu’ils s’adorent, mais le sentiment fraternel se construit au fil du temps. N’imposez pas à l’aîné d’aimer son petit frère… Évitez les phrases : « Sois gentil, fais-lui des bisous… » L’amour ne se commande pas, mais le respect mutuel, si ! Il est essentiel que vous imposiez à l’aîné de respecter son cadet, et au cadet de respecter son aîné bien sûr, car on sait à quel point les relations fraternelles ont un impact puissant sur la construction de l’identité. Les enfants sont par nature très tentés de s’amuser avec d’autres enfants. L’aîné et le cadet comprennent que c’est plus sympa de partager, d’inventer des nouveaux jeux ensemble. Un moyen infaillible de créer de la complicité, c’est de pousser vos petits coquins à s’allier pour faire tourner leurs parents en bourrique !

9. Faut-il les obliger à prêter leurs jouets ?

Chaque enfant doit respecter le “territoire” de l’autre et sa propriété. Appliquez la règle « Ce qui est à moi n’est pas forcément à toi ! ». N’obligez pas le “grand” à tout partager, à prêter ses jouets, alors que souvent le petit, encore maladroit, les manipule avec brutalité.

10. Est-ce bien d’offrir des cadeaux aux autres enfants quand c’est l’anniversaire d’un seul ?

L’anniversaire fête le jour de naissance d’un enfant, pas de toute la fratrie ! Même si les enfants sont du même mois, il est logique d’offrir des cadeaux et un magnifique gâteau d’anniversaire à celui qui souffle les bougies et qui est le héros de la fête ! Les autres enfants auront leur gâteau et leur cadeau le jour où ils sont nés. Cette fausse bonne idée pour essayer de gommer la jalousie ne fait que la faire flamber. Vous pouvez proposer à celui dont ce n’est pas l’anniversaire d’offrir lui aussi un cadeau à son frère ou à sa sœur s’il veut. Mais pas d’obligation ! Il est important d’expliquer qu’en fonction des événements, la vie n’est pas pareille pour tous.  

11. Comment réagit un aîné à l’arrivée de jumeaux ?

L’arrivée de jumeaux peut fragiliser l’aîné, surtout s’il est rapproché, car les jumeaux formant un bloc, il peut se sentir rejeté. Pour le rassurer, expliquez-lui que quand il était bébé, il a joui d’une situation privilégiée d’enfant unique, que les jumeaux ne connaîtront pas. Réservez-lui des tête-à-tête. Ces moments lui prouveront qu’il est toujours votre enfant chéri, même si les jumeaux accaparent votre attention…

12. Sont-ils plus jaloux quand ils sont rapprochés ?

La règle est simple : plus les enfants ont un faible écart d’âge, plus il y a menace sur leur identité et donc rivalité ! A fortiori s’ils sont du même sexe. Votre rôle est d’aider chacun à trouver sa place en en soulignant leurs points forts.

13. Quand dire à l’aîné qu’il va avoir un petit frère ?

A 12 mois, un enfant est capable de saisir que bientôt il ne sera plus seul avec ses parents. Il est important de lui parler de l’arrivée du bébé, quand la grossesse est installée. Un petit vit dans le présent et 9 mois, c’est long ! De nombreux enfants le devinent, sentent que leur mère a changé, ils saisissent des bribes de conversations… Et s’inquiètent. Mieux vaut alors les rassurer en leur disant.

14. Et si ça le laisse indifférent ?

Une fois l’annonce faite avec des mots simples, les réactions sont variables. Certains sont fiers de devenir un grand frère/sœur. D’autres indifférents. D’autres mécontents. Aucune réaction n’est anormale, car tout enfant est traversé de sentiments contradictoires à l’idée de devoir partager l’amour de ses parents. Montrez-lui des photos de lui petit. Le bébé deviendra son semblable.

15. Et si l’aîné se montre agressif envers le bébé ?

Il est impératif de rester très vigilants au début ! L’aîné revendique l’attention de sa maman. Il fait du bruit quand le bébé dort, réclame un câlin quand il prend son bain et râle contre le “gêneur”. Il a besoin de savoir qu’il est compris, qu’il a le droit d’être fâché contre le bébé. Incitez-le à dire sa colère avec des mots au lieu de passer à l’acte. Posez des limites claires : « Tu n’as pas le droit de lui faire du mal. » Savoir que l’adulte est là pour contenir ses pulsions agressives rassure l’agresseur.

16. Faut-il donner le même nombre de frites… pour éviter la jalousie ?

Croyant bien faire, vous donnez pareil à l’un comme à l’autre. Croyez-en les psys, compter le même nombre de fraises, acheter tout en double, c’est une fausse bonne idée ! Les enfants élevés dans l’illusion du “tout pareil”, ne cesseront jamais de se comparer et de se jalouser. Et ça risque de s’envenimer à l’adolescence ! 

17. L’aîné doit-il offrir un cadeau de naissance ?

Ce n’est pas nécessaire ni forcément une bonne idée, car il n’a pas toujours envie de lui faire un cadeau. Ce geste fait plus plaisir aux parents… Lui ne comprend pas pourquoi il devrait lui faire un cadeau. D’autant plus qu’il va sûrement trouver que le bébé en reçoit déjà pas mal ! « A la place, s’il en a envie, proposez-lui de lui faire un dessin », suggère Christine Brunet, psychologue clinicienne.

18. Existe-t-il un écart d’âge idéal ?

Il n’y a pas de réponse tranchée. Mais c’est peut-être plus facile pour chaque enfant de trouver sa place s’il y a entre eux un écart de deux ans. S’ils sont très rapprochés, ça peut créer trop de comparaisons. Notamment à l’école. A l’inverse, un grand écart d’âge peut rendre plus difficile la complicité, les centres d’intérêt étant plus éloignés.

19. Ils veulent dormir dans la même chambre ?

Ce n’est souvent qu’une étape transitoire et nécessaire, qui leur permet de se rassurer s’il y a des soucis ou des tensions dans la famille. Mettez un lit d’appoint plutôt que de les laisser dormir dans le même. Et s’ils font trop les fous, posez des limites et autorisez-les à faire chambre commune uniquement le week-end.

20. Une chambre pour deux, on l'aménage comment ?

Partager sa chambre avec son frère ou sa sœur, ça peut être très sympa ! A vous de respecter quelques règles de conception. Chaque enfant doit avoir son espace et ses affaires en fonction de son âge : bureau, table de nuit, posters, étagères réservées… Vous pouvez aussi faire une séparation avec un paravent. Il existe des astuces déco pour aménager une chambre pour deux enfants. En plus de la répartition de l’espace, apprenez-leur à respecter l’intimité de l’autre très tôt : on se change ou on met sa couche dans la salle de bains. Ou on joue sur son lit, et pas dans celui de l’autre… 

21. Faut-il les inscrire aux mêmes activités ?

« Surtout pas ! Il est très important de différencier les activités. Et s’ils choisissent la même, c’est mieux qu’ils ne soient pas dans le même groupe », assure Christine Brunet. Chaque enfant a besoin de se construire individuellement. S’ils pratiquent le même sport ou vont au même cours de musique ou de dessin, ça risque de renforcer la compétition qui existe déjà entre eux, n’en rajoutez pas.

22. Comment réagir si la plus grande “joue à la maman” et veut s’occuper du bébé ?

De temps en temps, vous pouvez confier de petites responsabilités à la grande sœur, en fonction de son âge bien sûr – porter le bébé, lui donner le biberon… C’est très valorisant pour elle. « Mais quand elle s’occupe de son petit frère, évitez de dire qu’“elle joue à la maman”. Car le bébé n’a qu’une maman, vous ! Et une petite fille ne “joue à la maman” que lorsqu’elle joue à la poupée ou avec ses jouets », ajoute Christine Brunet.

23. Quand il vous dit que vous préférez son frère, que lui répondre ?

Ne culpabilisez pas, mais ne banalisez pas non plus. Il est triste et peut-être jaloux. Demandez-lui de vous dire ce qu’il ressent. Expliquez-lui que si vous vous occupez plus de son frère, c’est parce qu’il a besoin d’une attention particulière (vous devez l’emmener chez le médecin…). Sa remarque montre aussi qu’il aimerait passer plus de temps avec vous.

24. Peut-on aimer ses enfants de la même manière ?

Chacun est unique. Chaque enfant arrive dans une phase de vie différente. De plus, un enfant peut faire penser à une personne de la famille avec qui on a plus ou moins d’affinités. Ou nous renvoyer une image de nous pas agréable. Tout ça donne l’impression qu’on ne les aime pas pareil. Mais ça ne veut pas dire qu’on ne les aime pas autant.

25. Est-ce normal que le grand régresse ?

Il mange moins, fait pipi au lit… Cette régression est normale, car il doit renoncer à être enfant unique. Patience, il va s’habituer à cette nouvelle situation. Lisez-lui des histoires de ses héros qui ont eu un petit frère ou une petite sœur…

26. C’est un prématuré, et il reste quelque temps à l’hôpital. Que dire au grand ?

Il faut trouver les mots pour chaque enfant, en fonction de son caractère et de son âge. Si le nouveau-né reste un peu à l’hôpital sans gros problème de santé, on peut évoquer un ennui technique : on n’a pas eu le temps d’aménager sa chambre, il viendra dès qu’elle sera prête… Dans le cas d’une grande prématurité, on peut expliquer que le bébé n’est pas encore prêt à venir à la maison. N’entrez pas dans les détails. L’important est de le faire patienter.

27. Si on donne les affaires de l’aîné au petit ?

S’il s’agit de vêtements usuels, pas de problème. A condition de penser à lui acheter des choses perso… Si l’enfant est assez grand, on doit demander s’il est d’accord pour donner tel jouet. Et on respecte sa décision de garder son vieil ours, car c’est la valeur symbolique que l’objet a pour l’enfant qui compte.

28. Quand ils ont une grande différence d’âge, sont-ils comme deux enfants uniques ?

Quand le deuxième arrive alors que l’aîné est déjà grand, les parents ont l’impression de recommencer l’aventure ! Mais ils sont aussi plus expérimentés. Du point de vue de la fratrie, l’aîné était jusque-là “enfant unique”, sa vie change ! Mais le petit, lui, a un grand frère (ou sœur) dès le début. 

29. Pourquoi se sent-on coupable vis-à-vis du grand quand le petit arrive ?

Subitement, l’aîné n’est plus le centre du monde. Sa mère a un autre centre d’intérêt et inconsciemment, il y a rivalité entre les enfants. Le grand devient jaloux. Les parents voient l’aîné en souffrance, c’est culpabilisant, même s’ils assument d’avoir voulu ce deuxième enfant.

30. Est-ce une bonne idée que les aînés participent au choix du prénom ?

Pas du tout ! On voit souvent sur les faire-part  « Clément est heureux de vous annoncer la naissance de… ». En fait, il n’est pas si content que ça ! La venue d’un nouvel enfant n’est pas le problème de l’aîné. Ni le choix de son prénom. On n’a pas besoin de le faire valider par l’enfant. Selon son âge, il peut juste donner son avis.

En vidéo : Il tape son frère ou sa soeur, comment réagir ?