Les laits végétaux dangereux pour les bébés

Publié par Marie Lanen  |  Mis à jour le par Joséphine Argence

A base de riz, soja, avoine... les boissons végétales non spécifiques pour les bébés ne doivent pas être utilisées en substitution au lait maternel ni au lait infantile. Pour les plus jeunes, les risques pour leur santé sont bien réels. Quels sont-ils ? On vous dit tout.

Peut-on remplacer le lait infantile par un lait d’origine végétale ?

A base de riz, de soja, d'avoine... les boissons végétales sont à la mode. Mais, ces préparations non élaborées spécifiquement pour les bébés et les jeunes enfants, ne peuvent absolument pas remplacer le lait maternel ni le lait infantile, une préparation à base de lait de vache qui a subit quelques transformations pour être adaptée aux besoins des bébés.

Il y a quelques années déjà, l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) a rappelé les graves carences liées à l'utilisation exclusive de ces jus végétaux et de ces laits d’origine animale autre que la vache qui ne sont pas spécifiquement élaborées pour les bébés et les jeunes enfants.

Un bébé décède après avoir consommé du lait végétal

L’ANSES a publié en mars 2013 un rapport sur les risques liés à l’alimentation des nourrissons avec des boissons autres que le lait maternel et préparations infantiles. Cette mise en garde fait suite à de nombreux signalements de cas graves chez de jeunes enfants. Carences, malnutrition, complications infectieuses, détresse respiratoire : ce sont les conséquences observées pendant l’évaluation des risques par l’agence. Un décès a même été recensé. L’ANSES rappelle que la période de 0 à 1 an est la période la plus importante pour la croissance de l’enfant. « En moyenne, le poids de naissance est multiplié par 3, la taille croît de près de 50 % et le poids du cerveau passe de 300-400 grammes à plus d’1kg à l’âge d’un an » précise le rapport.

Lait d'amande, de brebis, de soja... ces boissons ne couvrent pas les besoins nutritionnels des bébés

Les besoins nutritionnels spécifiques aux tout-petits sont couverts soit par l’allaitement maternel, soit par la consommation de laits infantiles spécifiques. L’utilisation de « laits végétaux » ou de laits d’origine animale non bovine (lait de brebis, de jument, chèvre, ânesse…) non spécifiques pour les bébés et les jeunes enfants, est inadéquate d’un point de vue nutritionnel.

Laits végétaux : des conséquences graves pour le nourrisson

Elle entraîne une insuffisance d’apport en énergie, en protéines, en acides aminés, lipides, minéraux, vitamines et oligo-éléments. Les répercussions sur l’enfant sont d’autant plus graves si la consommation est exclusive et prolongée.

Quels sont les risques pour un bébé nourrit au lait végétal ?

« Ce problème est une vraie réalité, confirme Patrick Tounian, pédiatre, nutritionniste et membre du comité nutrition de la société française de pédiatrie. J’ai même fait faire une thèse à une de mes étudiantes sur ce sujet. Elle recense 9 cas graves sévères en 10 ans qui ont tous nécessité une hospitalisation. Le dernier bébé passé dans notre service avait cinq mois, était nourri au jus de riz, souffrait d’une anémie sévère, d’œdèmes, et a dû subir une transfusion sanguine. Un autre enfant a été hospitalisé pour des convulsions liées à des carences en calcium. Un autre encore présentait une atteinte de la peau très sévère à cause d’une carence en zinc. Et ce ne sont là que les formes les plus graves. La plupart des enfants carencés à cause de ces boissons n’arrivent pas jusqu’à nous. Les carences ne sautent pas aux yeux, elles peuvent ne pas se voir. Or, ces carences ont de réelles conséquences sur le long terme, elles altèrent par exemple le développement cérébral, même si on a du mal à établir un lien direct.»

« Laits végétaux » : un effet de mode ?

Plusieurs raison expliquent cet engouement pour les « laits végétaux ». Il existe un effet de mode conséquent. Pour preuve, l’offre en boissons végétales de types soja, châtaigne ou amande connaît un fort développement.

Le sujet revient régulièrement dans les discussions. Comme cette maman qui explique que « pour remplacer le lait, on peut donner des laits végétaux. Et pour le calcium, pas de problème, celui que l'on trouve dans les légumes et les laits végétaux est bien mieux assimilé par le corps que celui des laits de vache. Donc si ton bébé mange de tout, pas de soucis ! » De plus, certains professionnels de santé n’hésitent pas à conseiller ces boissons. « A mon sens, les parents sont des victimes, affirme Patrick Tounian. Ils sont abusés par des mouvements sectaires ou par des professionnels de santé qui leur font croire que le lait de vache est très mauvais. C’est purement idéologique ! ».

En vidéo : Quels laits de la naissance à 3 ans ?

Un sur-diagnostic des intolérances et allergies au lactose

Beaucoup de parents croient leur enfant allergique ou intolérant au lait de vache. « Il existe un gros abus de diagnostic d’allergie au lait de vache, confirme Patrick Tounian On a beaucoup de faux diagnostics. A une période, 75% des enfants qui arrivaient chez nous pour une suspicion d’allergie, n’étaient en fait pas allergiques ». Environ 8% des bébés suivent un régime spécifique alors que seulement 2% d’entre eux présentent une véritable allergie au lait de vache.

Pour diagnostiquer une allergie, un examen spécifique est nécessaire. La consultation débute sur un interrogatoire très précis sur l’alimentation de l’enfant et son mode de vie. Les médecins vont réaliser un « test de provocation orale en double aveugle » : ni le bébé, ni la mère ne savent ce qu’il y a dans le biberon. Si l’enfant réagit au lait de vache, le diagnostic d’allergie est posé.

Alimentation de bébé : les préconisations

Comment remédier à ce problème de santé publique ? Il existe une directive européenne très précise : « aucun produit autres que les préparations pour nourrisson ne peut être commercialisé ou autrement présenté comme de nature à répondre à lui seul aux besoins nutritionnels des nourrissons normaux en bonne santé pendant les premiers mois de leur vie jusqu’à l’introduction d’une alimentation complètement approprié. » Concernant les boissons végétales, le rapport de l’ANSES souhaite que « l’étiquetage de ces produits indique d’une part la composition nutritionnelle en énergie, macronutriments, minéraux, oligo-éléments et vitamines, et d’autres part qu’ils ne conviennent pas à l’alimentation des enfants âgés de moins d’un an et que leur utilisation peut être à l’origine d’accidents graves. »


Rappelons aussi que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise l’allaitement les six premiers mois de vie d’un bébé. Les mamans qui ne peuvent pas allaiter ou qui choisissent de ne pas le faire doivent utiliser des laits infantiles spécifiques. Puis, à partir de 4 mois, le lait de suite ou lait 2ème âge peut être donné au bébé.

Et les préparations infantiles à base de riz ou de lait de chèvre ?

Attention cependant, à ne pas confondre les boissons végétales qui ne sont pas spécifiquement élaborées pour les bébés, avec les préparations infantiles qui sont fabriquées à base de riz, de soja ou de lait de chèvre par exemple. Toute la différence est dans le fait que ces préparations comportent l'appellation "préparation infantile" ! Les préparations infantiles quelles soient élaborées à base de lait de vache ou d'un autre animal ou à base de riz conviennent aux bébés et aux jeunes enfants car elles respectent la réglementation très strictes imposée aux préparations infantiles. Elles comportent les justes teneurs en calcium, vitamines, acides gras essentiels... D'ailleurs, elles peuvent être une alternative pour les parents qui ne veulent pas donner à leur bébé de préparations infantiles à base de lait de vache.

 

La réglementation européenne du lait

La dénomination « lait » est définie par la réglementation européenne comme « le produit provenant de la traite d’une ou de plusieurs vaches ». La réglementation française précise que tout lait provenant d’autres animaux doit porter la mention « lait de… » avec la précision de l’animal (lait de brebis, lait d’ânesse…). En ce qui concerne les boissons d’origine végétale, seules les dénominations « lait de coco » et « lait d’amande » sont autorisées. Les autres produits doivent porter le nom de « boisson » ou de « jus ».

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il y a 2 mois
Une exposition aux écrans avant 3 ans aura un impact sur la santé de l'enfant. Elle entrave le développement cognitif et moteur de l'enfant, voire mêm...
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10 points
Non
il y a 2 mois
Encore un peu moins de Liberté! Encore une façon de nous dire comment penser, ce qui est bien ou pas pour nos enfants,par contre interdire les pestici...
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