Allergie au lait (APLV) : comment soulager bébé ?

Publié par Marion Bellal  |  Mis à jour le par Marion Bellal

Votre bébé souffre d'une allergie au lait ? Pas de panique, il existe des solutions côté alimentation. Diagnostic, symptômes, traitements : le point sur tout ce qu'il est possible de faire.

 

Vous ne pouvez pas, ou ne souhaitez pas, allaiter, ou vous entamez le sevrage de bébé ? Des préparations infantiles répondront parfaitement aux besoins de votre nourrisson, et ce, même s'il est allergique au lait !

Comment reconnaître et savoir s'il y a une allergie ou une intolérance au lait chez bébé ?

Si bébé ne présente aucun trouble de l'alimentation, des biberons de lait infantile premier âge (liquide ou en poudre) répondront aux besoins de votre nourrisson pendant les 4 à 6 premiers mois, avant de passer à un lait deuxième âge, puis à un lait de croissance. Rassurez-vous : ce n'est pas parce que vous, le co-parent, ou un frère ou une sœur de bébé, présente une allergie alimentaire, que votre petit en aura forcément hérité !

Toutefois, si votre petit est considéré « à risque », les préparations industrielles classiques sont à éviter. Votre pédiatre prescrira un lait hypoallergénique (HA) pendant au moins 6 mois. Disponible en pharmacie, ce lait contient des protéines de lait de vache fragmentées, censées minimiser le risque allergique. Un lait spécial, habituellement réservé au traitement des allergies avérées, pourra par ailleurs être recommandé s’il existe des antécédents familiaux d’allergie aux protéines de lait de vache.

Ces conseils sont également à suivre dans le cadre d’un allaitement mixte (lait maternel et infantile). Sachez que bébé pourra plus ou moins apprécier certains laits. Quel que soit votre choix, leur composition est élaborée pour se rapprocher toujours au plus près du lait maternel.

Lait maternel : mon nourrisson peut-il faire une réaction allergique alors qu'il est allaité ?

Que votre bébé soit allergique ou non, l’introduction d’aliments autres que le lait est déconseillée avant l’âge de 4 mois révolus. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle à ce sujet que le lait maternel est le meilleur aliment pour votre bébé à sa naissance. « Il contient des protéines particulières appelées anticorps, qui interviennent dans la prévention des allergies », ajoute Magali Nadjarian, diététicienne. A priori, les seules protéines de lait auxquelles bébé ne peut pas être allergique sont celles provenant de sa propre espèce !

Sachez qu’il existe malgré tout un risque, rare, de passage des protéines, ingérées par la maman, dans le lait maternel, et entraînant une sensibilisation du bébé. Il faudra alors que la maman cesse de consommer des produits laitiers et prenne des compléments de calcium.

Intolérance ou allergie aux protéines de lait de vache : quels sont les signes et symptômes ?

L'allergie aux protéines de lait de vache peut s'exprimer par des signes généraux dès l'introduction des premiers biberons. 2 à 3% des bébés seraient touchés par l'allergie aux protéines de lait de vache (APLV). Les symptômes les plus fréquents sont :

  • Des rougeurs ou des démangeaisons de la peau
  • De la constipation
  • Des diarrhées ou de la gastrite

Ces symptômes apparaissent généralement entre quelques minutes et 3 heures après l’ingestion du biberon au lait de vache.

Comment détecter une intolérance ou une allergie aux protéines de lait de vache ?

Des études ont également démontré que certains vomissements, coliques, douleurs abdominales, reflux gastro-oesophagiens (RGO) seraient liés à L’APLV (allergie aux protéines de lait de vache). Plus rarement, des signes neurologiques, assimilables à des malaises peuvent se produire. Bébé peut aussi se montrer irritable et souffrir de troubles du sommeil.

Toutes ces manifestations sont des réactions immunitaires anormales de l’organisme du bébé lorsqu’il est exposé aux protéines, inoffensives, contenues dans le lait de vache. Il faut alors consulter un ou une médecin.

APLV : le diagnostic est-il difficile à poser ?

Le diagnostic est rapidement posé lorsque l’allergie au lait de vache se manifeste par des réactions aiguës traduisant une hypersensibilité immédiate. Mais il est aussi fréquent que bébé ne présente que des manifestations retardées, sans signe spécifique.

En cas de doute, votre médecin prescrira une série de tests et d'examens complémentaires, destinés à vérifier s’il s’agit bien d’une allergie et à identifier la substance responsable. Pour confirmer son diagnostic, votre médecin peut demander à mettre en place un régime d’éviction : bébé est dans ce cas nourri avec un lait spécial où les protéines ont été scindées en très petites unités. Ces laits, dits à « hydrolyse poussée », sont encore différents des laits hypoallergéniques.

Si les symptômes disparaissent avec ce traitement, pas de doute : la nature de l’allergie au lait de vache est confirmée. Dans ce cas, le régime d'éviction est le plus souvent le seul traitement qui peut être mis en place. Il repose sur l’utilisation d’hydrolysat de protéines de lait. Mais ces formules sont très amères et parfois mal supportées par les bébés. Face à un échec, on recourt alors à des préparations à base d’acides aminés d’autres protéines solubles (soja, caséine) ou de synthèse. Le régime d’éviction met du temps à se mettre en place : le changement de formule ne fait pas disparaître immédiatement les symptômes.

Dans la plupart des cas, l'allergie au lait de vache est transitoire et on peut donc - sur conseil de son ou sa pédiatre - tenter de réintroduire ces protéines à un moment dans l'alimentation de notre enfant. 

Peut-on faire des tests allergiques chez un bébé ?

Le test de provocationlabiale consiste à déposer une goutte de lait sur un côté de la lèvre inférieure. Après quelques heures, votre médecin recherche la présence d’inflammations là où la goutte a été déposée. Lors du test de provocation orale on fait ingérer des doses croissantes de lait.

Un autre examen, le prick-test, est, lui, réalisé à l’aide d’une aiguille courte. Un peu de lait est déposé sous la peau. Si votre petit est allergique, une inflammation apparaîtra au niveau de l’injection.

Le patch-test, quant à lui, est utilisé dans les services hospitaliers spécialisés. Le lait est mis en contact avec la peau et maintenu fixé par un produit adhésif pendant 48 heures. Le patch est positif lorsque la peau est rouge et légèrement inflammatoire au niveau de l’application en comparaison avec un patch témoin.

Plus classique, une prise de sang peut être prescrite pour rechercher la présence d’anticorps dirigés contre les protéines de lait.

Quel régime mettre en place si bébé est allergique ?

Le traitement repose sur une alimentation exclusive, à base de lait de vache dont les protéines ont été finement fractionnées (hydrolysats de protéines) et cessent ainsi d’être rejetées par l’organisme. Attention, d’autres précautions sont aussi à prendre :

  • Aucun produit de toilette contenant des protéines de lait ne devra être utilisé sur l'enfant.
  • La vaisselle de votre bébé, si elle a été en contact avec du lait de vache « classique », devra être soigneusement lavée, en particulier si votre petit est très allergique.
  • « L’arachide, le soja, les petits pois, les lentilles ainsi que les laits de chèvre, de brebis, de jument ou d’ânesse seront à introduire, un à un, le plus tard possible. Il faudra les faire goûter au moins deux fois pour détecter d’éventuelles allergies croisées », conseille Magali Nadjarian.
  • Pensez à bien lire les étiquettes : certaines mentionnent la présence de lait avec des termes de chimistes (caséine, caséinate, albumine…).

Allergie aux protéines de lait de vache : des acides aminés dans son alimentation

En dernier recours, si malgré toutes ces précautions, votre enfant présente encore des symptômes allergiques, il sera alimenté avec des solutions à base d’acides aminés. Leur coût étant très élevé, ce traitement est réservé aux cas les plus difficiles à traiter.

Allergie au lait : que faire si bébé a des boutons ou de l'eczéma ?

Il est possible que l'allergie au lait de votre nourrisson occasionne une réaction cutanée. Souvent, de petits boutons rouges, similaires à ceux qui se développent après une piqûre d'orties, apparaissent sur l'ensemble de son corps. Votre enfant peut aussi souffrir d'eczéma en raison de son allergie aux protéines de lait de vache. Là encore, la meilleure solution pour soulager votre tout-petit est de mettre en place un régime d'éviction. Les boutons devraient, au fur et à mesure, disparaître. 

N'hésitez pas toutefois à échanger avec votre pédiatre à ce sujet : l'apparition de boutons peut être le signe d'un autre problème, parallèle à une allergie aux protéines de lait, comme une infection bactérienne, fongique ou virale.

Point de vocabulaire : intolérance au lactose ou allergie ?

L’intolérance au lactose (sucre contenu dans le lait) est due à une sécrétion insuffisante de lactase (enzyme qui digère le lactose) par l’intestin. Il n’existe malheureusement pas de moyen de prévention pour ce trouble fréquemment constaté chez les enfants d'origine méditerranéenne, africaine ou asiatique.

Les symptômes ressemblent à l’allergie mais sont limités aux voies gastro-intestinales : diarrhée aigrelette et irritante pour le siège, vomissements, ballonnements, crampes d’estomac, gaz... Ils dépendent généralement de la quantité ingérée. N’hésitez pas à consulter votre pédiatre. Il ou elle pourra prescrire des examens complémentaires s’il ou elle suspecte une intolérance ou une allergie au lait de vache.

Comment soigner l'intolérance au lactose chez bébé ?

Si l’insuffisance de lactase est héréditaire, les symptômes peuvent apparaître dès la naissance. Une infection de l’intestin peut aussi être à l’origine de l’insuffisance de lactase. Dans ce cas, l’intolérance disparaît avec la guérison. Le lait sera réintroduit progressivement. En revanche, si l’intolérance au lactose est confirmée, votre médecin prescrira un régime alimentaire sans lactose et des suppléments de lactase. Pensez également à la signaler à votre pharmacien ou pharmacienne car certains médicaments contiennent du lactose.

Et si bébé était allergique à autre chose ?

Les nourrissons qui souffrent d’une APLV ont un risque2 à 3 fois plus élevé de développer une autre forme d’allergie en grandissant : allergie alimentaire, asthme, eczéma... L’allergie à l’œuf est également répandue chez les nourrissons. Elle se traduit par des symptômes similaires à ceux de L’APLV, à laquelle elle est parfois associée.

Certaines études montrent que réduire les éléments allergènes au cours de la grossesse réduit le risque allergique par la suite chez bébé. Parmi ces éléments, on recense la consommation de cacahuètes par exemple, mais aussi l'usage de l'amande douce dans les cosmétiques. 

En vidéo : Comment donner le biberon à mon bébé ?

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