Mères fusionnelles : quels avantages pour les bébés ?

Publié par Christine Diego  |  Mis à jour le par Avec Françoise Rosenblatt, présidente d’Allo Parents Bébé.

Pendant les premiers mois qui suivent la naissance de leurs bébés, les mamans sont très fusionnelles avec eux. De nombreux spécialistes décrivent ces moments de partage comme essentiels pour le nouveau-né. D’autres pensent, au contraire, que les mères s’investissent trop. Au final, quels sont les avantages pour les bébés de cette symbiose affective ?Éléments de réponses avecFrançoise Rosenblatt, présidente d’Allo Parents Bébé. 

Le bébé a besoin d’être materné

Le psychologue Donald W. Winnicott a beaucoup écrit sur la relation entre la mère et son bébé. Dans son livre « L’enfant et sa famille », il parle de la préoccupation maternelle primaire comme étant « une hypersensibilité, une sorte de folie douce indispensable au nourrisson ». Il explique notamment l’importance de la présence psychique et physique de la mère afin de répondre et d’anticiper les besoins de son petit. Pour Claude Didier Jean Jouveau, ex-présidente de la Leche League et auteure d'ouvrages sur l'allaitement,cette relation est primordiale pour l’enfant. « Quand le bébé humain nait, on sait que son développement physique n’est pas achevé. Les anthropologues l’appellent le « fœtus ex-utéro ». C’est comme si le bébé humain était né prématurément même si il est né à plus ou moins son terme. Comparé avec les petits de certains mammifères, le bébé de l’homme va se développer durant deux années, au cours desquelles il acquerra son autonomie, alors qu’un poulain, par exemple, devient autonome quelques heures après sa naissance ». La spécialiste Françoise Rosenblatt confirme que « les mamans sont très fusionnelles avec leur nourrisson dès la naissance. C’est important bien sûr, l’enfant reçoit de l’amour et il est choyé par ses parents. Mais il faut garder en tête que c’est un moment privilégié et les mères devront, petit à petit, se séparer de leur bébé pour lui permettre de vivre d’autres expériences ». Au où travaille Françoise Rosenblatt, les écoutants reçoivent près de 400 appels par mois, de mères principalement. La grande majorité d’entre elles posent des questions très pratiques sur les premiers soins, les pleurs de leur bébé, les problèmes qu’elles rencontrent avec leur nourrisson.

Des mères très fusionnelles

Pendant les premiers mois de la vie des bébés, les mères sont ultra maternantes. Le professeur D. W. Winnicott parlait de ces « mères suffisamment bonnes ». Il faisait référence à la nécessité de la mère d’être présente pour son petit. Quand son bébé pleure, elle est là, quand il est gêné ou a besoin d’être changé, elle répond à ses attentes, de même pour le nourrissage. Au fur et à mesure, une routine se met en place qui rassure autant la mère que l’enfant. Le psychologue a beaucoup travaillé sur l’importance du « holding », la façon de porter le bébé par son parent, et du « handing », celle de le manipuler pour les soins, de lui faire des caresses, des gazouillis. « Pendant les six premiers mois de vie du bébé, il est normal que la mère soit fusionnelle avec son petit », explique Françoise Rosenblatt. Les spécialistes s’accordent à dire que c’est un temps nécessaire à la construction du lien mère/enfant.

La pression de la vie moderne

« Les parents d’aujourd’hui vivent avec une pression sociale permanente. Leur bébé est scruté dès les premiers mois par les médecins, les grands-parents, les amis » décrit Françoise Rosenblatt. En clair, l’environnement social exige d’eux qu’ils soient de « bons » parents. « Cette exigence explique peut-être le fait que les mères se recentrent de plus en plus sur leur bébé. Elles s’investissent à 200 % dans leur rôle de maman. La notion de famille a beaucoup changé. Les nouveaux parents d’aujourd’hui ne demandent pas forcément de l’aide, ils sont souvent loin de leur famille, ils sont aussi très angoissés, ils culpabilisent plus en tout cas. Et les mamans maternent leur bébé plus longtemps », indique la responsable d’Allo Parents Bébé.

L’importance de la séparation

Françoise Rosenblatt rappelle le rôle essentiel du père, et ce, dès les premiers mois de la vie du bébé. « Si la mère allaite, le père peut s’occuper des soins par exemple. Il est nécessaire qu’il y ait un partage des rôles, l’enfant doit être investi également par le père. Dans ces premiers mois fusionnels entre la mère et le petit, le père est trop souvent exclu », rappelle la spécialiste. Elle pense que les parents doivent garder en tête l’idée « que leur mission est de conduire leur enfant sur le chemin de l’autonomie et l’indépendance. Souvent, c’est le mode de garde qui joue le rôle essentiel de séparateur entre la mère et son enfant ».

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