Le cododo est-il néfaste au couple ?

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par

Le cododo est une pratique de plus en plus fréquente durant les premiers mois de l’enfant, dans de nombreuses familles. Cette méthode mettrait le couple à rude épreuve. Qu'en est-il vraiment ? Le point de vue de Myriam Szejer, pédopsychiatre et psychanalyste, spécialiste de la maternité.

Le point de vue de Myriam Szejer, pédopsychiatre et psychanalyste

Cododo : quel impact sur le couple ?

Le cododo a le vent en poupe. Cette pratique, qui consiste à faire dormir le bébé dans lit des parents durant ses premiers mois, est de plus en plus fréquente. Pour ses défenseurs, le fait de partager son lit  avec son bébé permet une proximité qui favorise l’allaitement maternel et rassure le nouveau-né. Le cododo est cependant déconseillé par les professionnels, car sans précautions, il peut présenter des dangers pour l’enfant : risque de chute, d’étouffement, d’hyperthermie. Et côté sexo, il pourrait être un frein à la reprise de la sexualité au sein du couple. Même si celle-ci ne se résume pas à la chambre à coucher, on peut comprendre qu’il soit difficile d’avoir une vie intime quand on partage son lit avec un bébé.

Reprise de la vie sexuelle : un temps variable

Les femmes ayant accouché de leur premier enfant mettraient six semaines en moyenne avant de reprendre une vie sexuelle avec leur conjoint, selon une étude australienne. Mais d’autres attendent plus longtemps, six mois, voire un an. Le cododo a-t-il un impact sur la vie amoureuse des couples ? La psychanalyste Myriam Szejer, spécialiste de la maternité en est convaincue.

Le cododo : une décision réfléchie

Dans certains pays d’Afrique ou d’Asie, il est normal qu’un enfant dorme avec ses parents. Le co-sleeping est un rituel ancré, et la vie sociale s’organise de telle manière que dans le couple, les parents savent comment se retrouver. Dans nos sociétés, c’est autre chose, le partage du lit avec le bébé n’est pas culturel, et par conséquent, plus délicat à mettre en place. « Cette pratique doit être décidée de façon raisonnée, souligne Myriam Szejer. Si elle est imposée par l’un des parents ou pratiquée sans vrai questionnement, en s’abritant derrière le dogme que "c’est bon pour le bébé", alors il y a des risques et notamment pour le couple. »

Quand le cododo cache une faille dans le couple

L’équilibre du couple après la naissance d’un bébé est fragile. La mère est souvent très impliquée dans les soins du bébé et le père peut se sentir à l’écart. Jouer la carte de la proximité à tout prix avec son tout-petit n’améliore pas la situation. « Certaines femmes font couple avec leur enfant et se complaisent dans cette situation, affirme Myriam Szejer. Le risque est que cette relation fusionnelle devienne un prétexte pour ne pas reprendre les rapports sexuels. On doit alors demander à qui sert le cododo : à la mère ou à l’enfant ? » La situation arrange certains pères qui pensent que cette période est l’affaire des mères et s’en excluent volontiers tant qu’ils ne sentent pas leur femme disponible. Reste que si la situation s’éternise et si chacun semble y trouver son compte, mieux vaut se questionner. D’autant plus que les enfants sont très réceptifs à l’inconscient de leurs parents. « Ils peuvent ressentir que leur mère ne veut pas dormir sans eux, même si elle ne parvient pas à se l'avouer, ajoute la psychanalyste. Ils pourront alors eux-mêmes refuser de quitter le lit conjugal. »

Témoignage : « Cododo ou non, ma libido était à plat après mon accouchement »

« Nous avons actuellement deux petits garçons Paul (20 mois) et Simon (4 mois). Nos enfants ont dormi dans notre chambre. Le premier dans son propre lit. Le deuxième, qui était très agité, a dormi entre nous deux jusqu’à ses 3 mois. Le papa, et moi-même, n'étions pas très à l'aise avec Simon entre nous. Dans mon cas, je dirais que ce n'est pas le cododo qui a eu une influence sur notre vie intime et sexuelle, mais plutôt le fait de devenir tout simplement mère. Je suis une maman allaitante qui, dans les mois qui ont suivi l'accouchement, était pas mal fatiguée avec une libido qui tirait vers le bas. Paul a quitté notre chambre à 5 mois et demi et pourtant nous n'avons repris les câlins que deux mois plus tard. Après, il est vrai que si nous avions pratiqué le cododo au-delà de 6 mois, cela aurait peut-être eu un réel impact sur notre intimité, bien qu'il existe toujours quelques moments où finalement le petit bout dort tout seul. » Sonia

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