Syndrome du bébé secoué : causes et diagnostic

Publié le par Antoine BlanchetAvec le Dr Martine Balençon, pédiatre, médecin légiste et experte auprès de la Cour d'Appel de Rennes

Maltraitance grave, le syndrome du bébé secoué touche plusieurs centaines d'enfants chaque année en France. Conséquences, signes, prise en charge, prévention... On fait le point sur ce syndrome, avec le Dr Martine Balençon, pédiatre et médecin légiste.

 

Avec le Dr Martine Balençon, pédiatre, médecin légiste et experte auprès de la Cour d'Appel de Rennes

Chaque année, il touche plusieurs centaines de bébés en France. Le syndrome du bébé secoué peut générer de graves dommages chez le nourrisson, et peut même dans certains cas conduire au décès. Comment détecter les signes de ce syndrome ? On fait le point sur ce sujet en compagnie du Dr Martine Balençon, pédiatre, médecin légiste et experte auprès de la Cour d'appel de Rennes.

Définition et causes : c'est quoi le syndrome du bébé secoué (SBS) ?

Le syndrome du bébé secoué est un phénomène qui possède des signes et surtout une cause bien particulière, expose le Dr Martine Balençon : « Le syndrome du bébé secoué fait partie de la famille des traumatismes crâniens. A la différence des autres traumatismes, le syndrome du bébé secoué n'a pas de cause accidentelle. Il provient d'une violence intentionnelle, et se produit lorsqu'une personne secoue violemment un bébé ».

Traumatisme crânien : quels sont les dangers et conséquences de secouer son bébé ? Quelles séquelles ?

Selon le site AMELI, chaque année, plusieurs centaines d'enfants sont victimes du syndrome du bébé secoué. Quel est l'impact sur le nourrisson qui subit des secousses ? Les conséquences peuvent être très graves, détaille le Dr Martine Balençon : « Secouer un bébé, c'est un acte d'une extrême violence. En terme de traumatisme, secouer un enfant équivaut pour lui à être propulsé à 130 kilomètres à l'heure dans une voiture faisant des tonneaux. Les conséquences peuvent être considérables. L'enfant peut avoir différentes lésions au niveau du crâne, ainsi qu'une atteinte neurologique grave. Un saignement intracrânien peut se produire et entraîner la mort par arrêt cardiorespiratoire. La tête du nourrisson est en effet encore très fragile et en développement, ce qui peut créer des dommages très facilement, en comparaison à un adulte ». D'autres séquelles peuvent aussi se manifester, comme notamment des hématomes sous-duraux. Il s'agit de ruptures de veines périphériques du cerveau. Des hémorragies rétiniennes au niveau des yeux peuvent aussi avoir lieu.

Si le décès n'est heureusement pas systématique, les lésions cérébrales peuvent avoir des séquelles lourdes sur le développement du jeune enfant, entraînant de graves troubles du développement psychomoteur, ou encore des troubles cognitifs, de langage et du comportement. L'enfant touché par le syndrome du bébé secoué peut aussi avoir des paralysies, ou encore des troubles au niveau de la vue et de l'audition. Plus tard, il peut être touché par des difficultés d'apprentissage.

Symptômes : comment reconnaître le syndrome du bébé secoué ?

Dans le cas où un bébé a été secoué, il est important de reconnaître les signes qui doivent alerter afin d'éviter toute aggravation. Cependant, avant les symptômes propres au bébé secoué, il est important de détecter les éléments qui peuvent laisser suspecter que le jeune enfant est victime de violences, comme l'explique le Dr Martine Balençon : « Il faut savoir repérer les signes avant-coureurs de la violence. Un bébé qui présente des bleus sur des zones improbables (visage par exemple) alors qu'il ne sait pas encore se déplacer, doivent immédiatement alerter ».

Les signes propres au syndrome du bébé secoué :

  • Des convulsions ou encore des mouvements anormaux du corps de l'enfant (une rigidité du corps peut aussi être constatée).
  • Des difficultés à respirer ou encore des pauses respiratoires.
  • Des troubles de la conscience ou une somnolence inhabituelle.
  • Des hématomes ou marques de blessures

Ces signes et symptômes doivent alerter immédiatement. Il existe aussi une autre palette de symptômes, moins graves en apparence, mais qui doivent tout autant attirer l'attention :

  • Des vomissements sans raison.
  • Une perte ou diminution de l'appétit du jeune enfant. Une perte de tonus peut aussi être constatée.
  • Un comportement inhabituel : grande irritation, ou encore perte du sourire et absence du babillage habituel. Des pleurs plus fréquents peuvent également être constatés chez le jeune enfant qui a été secoué.
  • Des troubles oculaires peuvent aussi faire leur apparition. Ceux-ci se caractérisent par un strabisme, des mouvements anormaux des yeux ou encore des pupilles qui ont une dimension inégale.

Dans le cas où ces symptômes se déclareraient chez le jeune enfant, il ne faut pas perdre de temps et contacter tout de suite les secours médicaux d'urgence (15). Si le bébé a des vomissements ou fait des convulsions, on n'hésite pas à effectuer une Position Latérale de Sécurité avant l'arrivée des secours, pour éviter qu'il ne s'étouffe.

Le diagnostic du syndrome du bébé secoué : quand s'inquiéter ?

Une fois l'enfant emmené aux urgences, il va faire l'objet de toute une batterie de tests afin de déterminer s'il a été victime du syndrome du bébé secoué, et s'il existe des séquelles importantes. Pour poser le diagnostic, les médecins vont ainsi faire pratiquer des prises de sang, IRM, ou encore un fond d'œil, afin de détecter une éventuelle lésion au niveau du cerveau. Si des secousses sur l'enfant sont détectées, le personnel soignant va rapidement contacter le procureur de la République pour ouvrir une enquête sur de possibles maltraitances. Dans ce cas, l'enfant peut être placé sous protection. Les parents peuvent aussi avoir la possibilité de porter plainte, s'ils déclarent ne pas être responsables des secousses reçues par l'enfant.

Prévention : comment éviter de secouer son bébé ?

Parmi les centaines de bébés victimes de secousses et des lésions au cerveau qui en découlent, les parents sont dans de nombreux cas responsables de cette maltraitance. Souvent, certains d'entre eux expliquent que leurs réactions violentes ont été causées par leur extrême irritabilité, suite à des pleurs excessifs du nourrisson. Bien évidemment, les pleurs de bébé ne doivent en aucun cas être une justification à ces actes de maltraitance. En prévention, on peut apprendre à  garder son calme afin d'éviter qu'un drame se produise. C'est ce que recommande le Dr Martine Balençon, qui donne une première piste : « Quand on se sent excédé par les pleurs de son bébé, il est important d'en parler immédiatement à ses proches ou à un professionnel de santé. Je recommande également de se tourner vers la Protection Maternelle et Infantile (PMI) de sa localité. Ces équipes font un travail formidable pour venir en aide aux parents ».

Dans le cas où l'on se sent débordé par les pleurs de son bébé, voici quelques conseils pour garder son calme :

  • Sortir quelques instants de la chambre.
  • Respirer longuement et profondément.
  • Serrer un objet mou.
  • Ecouter de la musique douce.
  • Pleurer.
  • Prendre une douche.

Les numéros suivants peuvent aussi être contactés si l'on suspecte qu'un bébé a été secoué, ou si en tant que parent, on a peur de lâcher prise :

  • "Allô, enfance en danger" : 119 ouvert 24h/24 et 7 jours sur 7.
  • Allô parents bébé" : 0.800.00.34.56 du lundi au vendredi, de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures.

Sujets associés