Un animal de compagnie, c’est top pour un petit !

Publié par Catherine Marchi, psychologue et coach  |  Mis à jour le

Chien, chaton, cochon d’Inde, lapin nain… Vous hésitez à en prendre un chez vous… Comment bien choisir l’animal de compagnie idéal pour son enfant ? Quelles erreurs éviter ? Les réponses à toutes les questions que vous vous posez.

Comment bien choisir un animal de compagnie pour son enfant ?

Avant un an, il vaut mieux éviter ?

Par sécurité, il ne faut de toute façon pas laisser un enfant et un animal seuls. Un chien brusque peut le bousculer, un chat peut se coucher sur lui… Pour des raisons d’hygiène, Marine Grandgeorge, enseignante et chercheuse au laboratoire d’éthologie animale et humaine à Rennes, préconise d’éviter que les bébés aient des contacts avec les animaux : « Avant un an, ils peuvent développer des allergies. Après, ça devient protecteur et tout est open. » Mais si l’animal est là avant l’arrivée du bébé, habituez-le bien avant le retour de la maternité à ne pas aller dans sa chambre. Ainsi il ne montrera pas de signes de jalousie. C’est bien de lui faire sentir un vêtement du bébé pour qu’il le reconnaisse. Les premières rencontres doivent être brèves, toujours en présence d’un adulte.

Chien, chat, cobaye... Lequel choisir ?

Les enfants ont une nette préférence pour les chiens et les chiots, et en seconde position, pour les chats et les chatons ! Ça tombe bien car ils sont de formidables compagnons à tout âge. Selon Marine Grandgeorge, avant 3 ans, il faut éviter les rongeurs (hamster, souris, cochon d’Inde…), car le tout-petit n’a pas une motricité assez fine pour les manipuler en douceur. Le hamster est un animal nocturne, on ne le voit pas beaucoup bouger pendant la journée. En revanche, le cochon d’Inde est agréable car il peut être cajolé. Les lapins nains plaisent beaucoup, mais attention, ils griffent et rongent tout quand on les sort de leur cage, et mordent plus facilement qu’un cochon d’Inde. Ils sont déconseillés avant 4 ans. Quant aux NAC (les nouveaux animaux de compagnie), tels que serpents, araignées, rats, amphibiens, etc., ils sont intéressants pour les enfants plus âgés (entre 6 et 12 ans) et sous contrôle parental.

Et les poissons rouges, oiseaux et tortues ?

Les poissons rouges sont faciles à nourrir, ils ont un effet calmant et antistress sur le tout-petit. Les regarder évoluer dans un aquarium fait baisser le rythme cardiaque et hypnotise. Les oiseaux, c’est joli et chantant, mais un petit ne peut pas ouvrir seul la cage pour les nourrir, car ils risquent de s’envoler et il n’y a pas de contact tactile. La tortue plaît beaucoup. Elle n’est pas fragile, se déplace lentement et sort la tête quand on lui présente de la salade. Les enfants explorent le jardin à sa recherche et c’est toujours une joie quand ils la retrouvent.

Est-il préférable de prendre un jeune animal ?

Quand l’enfant et l’animal peuvent grandir ensemble, c’est mieux. Il est important d’attendre la fin du sevrage pour que le jeune animal ne soit pas séparé de sa mère trop vite avant qu’il arrive dans la famille, vers l’âge de six-huit semaines pour un chaton et vers dix-douze semaines pour un chiot. Si on choisit d’adopter un animal adulte, on ne connaît pas son enfance, ses éventuels traumatismes et cela peut être un frein avec des jeunes enfants. , vétérinaire comportementaliste pour les animaux de compagnie, précise qu’il faut aller chercher l’animal qu’on choisit dans son environnement : « On voit la mère, les gens qui s’en occupent, son environnement. Ses parents sont-ils proches de l’homme ? A-t-il été en contact avec des enfants ? Observez-le, voyez s’il est doux, caressant, affectueux, calme ou s’il bouge dans tous les sens… » Autre conseil, privilégiez un bon élevage familial, ou des particuliers sympas qui ont procuré à l’animal de bonnes conditions de vie. Évitez si possible les animaleries (les animaux n’y sont pas assez maternés et grandissent dans le stress) et les achats en ligne sur Internet sans voir l’animal.

Quelle race privilégier ?

Selon la vétérinaire Valérie Dramard, il n’est pas du tout recommandé d’opter pour les races branchées : « Quand c’était la mode des labradors, soi-disant doux et affectueux, j’en voyais beaucoup d’hyperactifs, limite agressifs ! Idem actuellement pour les bouledogues français et les Jack Russel terriers. » En fait, le caractère de l’animal dépend plus de l’environnement dans lequel il a grandi que de sa race. Les chats européens, les bons vieux chats de gouttière, sont des animaux robustes, affectueux et sympathiques avec les petits. Les chiens croisés, les “corniauds” sont des chiens fiables avec les enfants. Selon Marine Grandgeorge : « La taille n’est pas forcément un frein, les gros chiens sont souvent plus adaptés, les petits chiens sont craintifs, peureux et peuvent se défendre en mordant. »

Qu'apporte l'animal sur le plan affectif ?

Outre le fait d’être un compagnon de jeu formidable, l’animal est un antistress sur pattes. Les scientifiques l’ont prouvé, le simple fait de le caresser abaisse la tension artérielle et a un effet anxiolytique. Son odeur, sa chaleur, sa douceur, sa présence tranquillisent les petits, au même titre que leur doudou. Les chiens font la fête, “léchouillent” et réclament des caresses, les chats donnent de vraies preuves d’amour en ronronnant et en venant tendrement se lover contre leurs petits maîtres. Ils peuvent aussi les réconforter et les consoler. Selon Marine Grandgeorge : « On n’a pas de preuves scientifiques irréfutables, mais beaucoup d’anecdotes qui montrent que d’instinct, un animal familier est capable de sentir l’humeur de son maître et de le soutenir affectivement en cas de blues. Et d’ailleurs, quand on est malade, il vient dormir sur le lit… »

C’est vrai qu’un animal de compagnie, c’est bien plus qu’une peluche vivante. Comme le souligne le Pr Hubert Montagner, auteur de "L'enfant et l'animal. Les émotions qui libèrent l'intelligence" aux éditions Odile Jacob : « Tous ceux qui ont grandi entourés d’animaux domestiques savent bien qu’ils apportent quelque chose que les adultes, même les plus attentifs, ne peuvent pas apporter. Leur principal avantage, c’est d’être toujours disponibles et de prodiguer des marques d’affection sans condition. L’adoption d’un chat ou d’un chien suite à une séparation, un déménagement ou un deuil aide l’enfant à dépasser son désarroi. La présence d’un animal familier, considéré par l’enfant comme un soutien, lui permet de sortir de son insécurité intérieure. » Posséder un animal a des vertus thérapeutiques.

Pouvoir en parler avec les copains et les copines aide les timides à devenir la star de la maternelle. Quant aux “hyperactifs”, ils apprennent à canaliser leur excitation. Quand l’enfant s’agite, crie trop fort, joue avec brusquerie, le chien ou le chat s’en va. L’enfant va devoir apprendre à moduler son comportement s’il veut que l’animal continue le jeu.

Y a-t-il d'autres bénéfices pour l'enfant ?

Aller chercher le chien ou le chat, le toucher, lui envoyer la balle, ces activités peuvent motiver les bébés à apprendre le quatre-pattes et la marche. En jouant avec son chien, en le caressant, un tout-petit peut organiser la maîtrise de ses gestes, coordonner sa marche et ajuster sa course. Les animaux sont des accélérateurs de motricité ! Et ils développent les aptitudes intellectuelles de leurs jeunes maîtres. Comme le souligne le Pr Montagner : « Très tôt, sa présence permet à l’enfant de différencier le vivant du non-animé, l’humain du non-humain. Observer son animal apporte un modèle de vie aux jeunes citadins. C’est un cours de biologie à domicile.

Quelles règles l'enfant doit-il adopter vis-à-vis de son animal ?

La notion la plus essentielle qu’un enfant apprend auprès de son animal, c’est le respect de l’autre. Une bête n’est pas une peluche qu’on peut caresser quand on le désire, mais un être vivant indépendant. Valérie Dramard est formelle : « Les parents doivent être les superviseurs de la relation entre leur enfant et l’animal. Il y a des règles à respecter. Le chiot ou le chaton doit avoir son coin à lui, là où il dort, mange, fait ses besoins. On ne l’approche pas par surprise, on ne crie pas, on ne l’embête pas quand il mange ou dort, on ne tape pas… Sinon gare aux coups de griffes ! L’animal est un être vivant qui a des émotions, il peut être fatigué, avoir faim. En imaginant ce qu’il ressent, l’enfant développe sa capacité d’empathie. » Si le petit doit respecter l’animal, c’est réciproque, ils font leur éducation ensemble. Les parents doivent socialiser et reprendre un chiot qui mordille, qui est trop brutal, un chat qui griffe ou qui crache.

Faut-il laisser l'enfant s'en occuper ?

S’occuper d’un être vivant à cet âge-là renforce la confiance en soi et développe le sens des responsabilités. Le nourrir et s’en faire obéir est très valorisant. Pour une fois, il se retrouve en position dominante et apprend que l’autorité ne passe pas par la force, mais par la persuasion, et qu’on ne gagne rien à taper ou à se montrer brutal. Mais la vétérinaire met en garde les parents : « Il ne faut pas donner trop de responsabilités à l’enfant petit envers un chien adulte. Ce n’est pas logique dans la tête du chien pour qui la notion de dominant est très importante. Son maître, c’est un adulte. Ça peut créer un malaise. Un petit peut donner une friandise et le nourrir exceptionnellement, mais pas tout le temps. »

Comment être sûr que ce n'est pas un caprice ?

Il est important de s’assurer que ce n’est pas juste pour faire comme sa copine, de ne pas céder à la première demande. Marine Grandgeorge recommande aux parents d’observer le comportement de leur enfant quand il va chez des gens qui ont des animaux. A-t-il envie de s’en occuper ? Pose-t-il des questions ? Et même s’il a une vraie attirance, les contraintes seront plus pour les parents que pour lui. Comme l’explique Valérie Dramard : « Un chien vit de dix à quinze ans, un chat parfois vingt ans. Il faut s’en occuper, le nourrir, le soigner (les frais de vétérinaire ont un coût), le sortir (même sous la pluie), jouer avec lui. Les parents doivent anticiper qui le prendra pendant les vacances. »

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