Retard de langage : l'avis d'une orthophoniste

Publié par La rédaction de PARENTS  |  Mis à jour le

Rencontre avec Christelle Achaintre, orthophoniste, qui nous éclaire sur les différentes causes d’un retard de langage…

Troubles du langage : pas d'inquiétude avant 3 ans

Quels sont les premiers signes d’un retard de langage chez l’enfant ?

Avant l’entrée en maternelle, il est difficile de dire si l’enfant a un retard, l’évolution du langage dépendant de la relation familiale. En général, les premiers signes apparaissent à l’école : l’enfant n’est pas sociable, ne cherche pas les échanges, ne babille pas quand il joue tout seul. A partir de 3 ans, si l’enfant ne dit pas ou peu de mots, prononce des mots déformés uniquement reconnus par ses proches, s’il ne comprend pas bien ce qu’on lui dit, répète plusieurs fois un mot ou a des troubles du comportement, un retard est suspecté. Le plus souvent, c’est la maîtresse qui alerte les parents. Mais attention, on ne peut parler de trouble du langage avant la grande section de maternelle, car le langage évolue. Si à ce stade, les troubles persistent et que la famille ressent un mal être, il faut consulter.

Que peuvent faire les parents à la maison pour stimuler le langage chez leur bébé ?

Surtout ne pas lui faire répéter ! C’est tuer la communication, ça n’a pas de sens. Par contre, le bon réflexe est de répéter soi-même avec la bonne formule « tu as voulu dire ça… ». Il faut bien-sûr être patient, privilégier les relations, les jeux ensemble, la communication. Et bien-sûr féliciter son enfant en mettant en avant ses côtés positifs, ses réussites…

Un retard de langage peut-il avoir des conséquences sur le développement de Bébé ?

Tout dépend du vécu de l’enfant, de l’entourage face à ce retard et bien sûr de l’importance du trouble. Quand l’enfant est jeune, il est difficile d’évaluer la substance du trouble. Pour les défauts fonctionnels, considérés comme légers, l’enfant corrigera lui-même au fur et à mesure ses erreurs, comme par exemple lorsqu’il dit « sosu » pour « chaussure ». Par contre, s’il s’agit d’un trouble structurel (dysphasie, phrases incompréhensibles, difficulté de prononciation), un suivi sera nécessaire.
Les conséquences d’un retard de langage peuvent être d’ordre psychologique (mauvaise estime de soi), linguistiques (développement du langage) ou concerner plus généralement les apprentissages scolaires.

Ce retard de langage peut-il être lié à d’autres troubles ?

Des troubles associés comme un déficit intellectuel ou auditif peuvent être envisagés en cas de trouble de la communication au sein de la relation parents/enfant lorsque celui-ci n’arrive pas à transmettre des informations. Il peut y avoir aussi un bégaiement qui apparaît en lien avec une difficulté à trouver les mots ou une tension particulière de l’enfant. Le premier réflexe pour éliminer l’hypothèse d’éventuels troubles associés, est d’aller voir son médecin de famille, le pédiatre, l’oto-rhino-laryngologiste (ORL) et de se rendre le cas échéant dans un centre d’action médico-sociale précoce (CAMPS).

Une rééducation est-elle envisageable ?

Oui, généralement à partir de 3 ans, sauf si le trouble est dépisté bien avant (comme dans le cas d’une maladie génétique) et s’il s’agit d’un trouble sensoriel ou mental.
Dans ce cas, la rééducation relève du domaine de l’éducation précoce. L’orthophoniste travaillera sur la communication et le langage par le biais de jeux.
A partir de 3 ans, une prise en charge orthophonique peut être préconisée. Le nombre de séances est déterminé en fonction du bilan.
Pour un trouble isolé, une dizaine de séances, d’une demi-heure par semaine, sont en principe nécessaires chez un écolier de grande section de maternelle.
Les troubles fonctionnels, donnent lieu à un suivi lors de l’apprentissage du langage écrit, même si c’est seulement pour conforter les acquis. Mieux vaut prévenir, que guérir !

Comment se passe en pratique la prise en charge ?

Le généraliste commence par prescrire un bilan et généralement aussi une rééducation. Ensuite c’est l’orthophoniste qui détermine la fréquence et le nombre de séances.
Quand il s’agit d’un problème articulatoire, la rééducation est intensive sur une courte période. Pour un trouble d’ordre lexical, les séances se déroulent sous forme de jeux. Les plus grands peuvent repartir avec des jeux ou des images. Le plus souvent, les parents n’assistent pas à la séance de rééducation. Mais il est important qu’ils soient présents pour accompagner et récupérer leur enfant à la fin. Le petit patient doit prendre conscience que ses parents sont d’accord avec l’orthophoniste. Ils sont là aussi pour motiver leur enfant à s’investir dans la rééducation. D’un point de vue financier, les séances sont prises en charge à 60 % par la sécurité sociale et à 40 % par la mutuelle.

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