Le bilinguisme chez l’enfant

Publié par Christine Diego  |  Mis à jour le par

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Le bilinguisme chez l’enfant

Près de 21 % des enfants naissent dans un couple de parents mixtes. Comment ces enfants apprennent-ils à parler plusieurs langues ?  Barbara Baeur, auteure de « Le défi des enfants bilingues » décrypte le fonctionnement de l’acquisition du bilinguisme chez les enfants...

Le bilinguisme et les idées reçues

Barbara Baeur explique qu’un enfant devient bilingue lorsqu’il est immergé dans un bain linguistique particulier, où une, deux, ou plusieurs langues sont utilisées au quotidien. L’enfant grandit dans ce contexte particulier avec deux parents qui parlent plusieurs langues. Le bilinguisme a eu longtemps mauvaise réputation. Le mythe de la « novicité du bilinguisme » a perduré jusqu’à la fin des années 90, sans aucun fondement scientifique sérieux. Les doutes reposaient sur le fait qu’on ne savait pas si l’enfant réussirait à bien parler les deux langues de la même façon, et si le fait de les mélanger n’allait pas entraver le bon développement de son langage. Barbara Baeur se veut rassurante, l’enfant va effectivement mélanger et parler les deux langues jusqu’à l’âge de 4 ans. Ensuite, de façon naturelle, il utilisera chacune des langues apprises dans sa petite enfance à bon escient.

Apprendre deux langues en même temps

Le bilinguisme est soit « simultané » quand l’enfant grandit avec des parents qui parlent deux langues différentes, soit « successif », quand il apprend précocement une deuxième langue étrangère. Le bilinguisme est appelé « tardif », quand une seconde langue est apprise après six ans. Plus un enfant est exposé jeune à une deuxième langue, plus vite il sera capable de l’apprendre. Mais attention, plus vite aussi  il l’oubliera s’il ne l’utilise pas en continu tout au long de son enfance.
Les psycholinguistes expliquent que l’acquisition du langage se fait par étape. De 0 à 1 an, le bébé babille. Il est donc exposé aux premiers mots parlés par ses parents. A 2 ans, l’enfant possède environ 50 mots. A 2 ans ½, moment clé, il acquiert une dizaine de mots par jour, et il commence à construire les premières phrases simples de deux mots : « Maman chaussures » pour «  Maman je veux mes chaussures », par exemple. A 4 ans, la syntaxe est acquise. Après 7 ans, le cerveau de l’enfant a atteint un seuil de maturation qui ne lui permet plus d’apprendre une langue de façon intuitive. Il ne va plus apprendre un langage mais des langues. Et passé cet âge, les enfants n’acquièrent plus une seconde langue comme leur langue maternelle. Il n’est donc pas nécessaire que la première langue soit totalement établie pour entamer l’acquisition de la deuxième. Bien au contraire. Plus une langue est introduite tôt, plus facile sera son assimilation. Les deux langues ne se disputent pas le même espace dans le cerveau. Pour les psycholinguistes, la deuxième langue étrangère n’entache pas la première langue dite maternelle. Au contraire, elles se nourrissent mutuellement l’une de l’autre.

La clé du bilinguisme : le filtre affectif

La compétence bilingue, pour Barbara Baeur, se développe quand certaines conditions sont réunies : dans un environnement riche et varié, affectif et en continu sur le long terme.
Barabara Baeur insiste sur le « filtre affectif » que l’enfant utilise inconsciemment lorsqu’il est dans une situation bilingue dans son quotidien. C’est parce qu’il a envie de communiquer avec l’adulte qui s’occupe de lui dans une ou l’autre langue, que l’enfant accepte de s’approprier plusieurs langues. Les parents ont donc un rôle primordial pour Barabara Baeur. Ils doivent donner un sens à l’apprentissage d’une deuxième langue étrangère pour que l’enfant ait envie de l’acquérir.
De nombreuses agences de Baby Sitter l’ont compris. Apprendre à un enfant le plus précocement une deuxième langue est un gage de son acquisition. « Speaking Agency » s’est basée sur les travaux de la psycholinguiste, Maria Kihlstedt. L’agence propose des adultes garde d'enfants natifs de 7 pays : Anglais, Allemand, Espagnol, Français, Chinois, Arabe, et Russe. C’est pourquoi le service de « Baby-speaking » par exemple propose des intervenants natifs qui vont s’adresser à l’enfant uniquement de leur langue maternelle et étrangère pour le petit.

Les bienfaits des langues étrangères apprises précocement

Les psycholinguistes ont constaté dans leurs recherches des particularités dans le développement des enfants bilingues. Leur appétit linguistique est renforcé en général très tôt dans leur vie. Ils acquièrent également une pensée créative plus dense et une meilleure concentration intellectuelle. Devant se concentrer sur le choix des mots dans une langue ou l’autre, ils doivent faire plus d’effort de concentration. Enfin, les enfants qui apprennent précocement une deuxième langue ont une meilleure sensibilité communicative et sont davantage doués dans leur vie sociale pour résoudre les problèmes.

Zoom sur les chiffres du bilinguisme :

- Un français sur deux dit ne parler aucune langue étrangère

- 92 % des français trouvent que l’apprentissage de l’anglais est primordial

- 21 % des enfants en 2008 sont nés dans un couple mixte

- La France reconnaît 75 langues dans le patrimoine culturel Français

- En Métropole = 24 langues régionales

- Dom = 45 langues existent dans les départements français d’Outre-Mer

- 2/3 de la population mondiale parle plus de 2 langues

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