Bébé 0-6 mois: les progrès moteurs et de langage

Publié par Dominique Foufelle  |  Mis à jour le par Barbara Benattasse

Pas facile pour le nouveau-né ! Il ne contrôle aucun de ses mouvements et ne peut exprimer ses besoins et ses désirs que par des cris. Cela va vite, très vite, changer... Découvrez les différents progrès moteurs et de langage qu'il va accomplir les six premiers mois.

0-6 mois : le développement psychomoteur et de langage

À l'arrivée, qui est le plus étonné ? Pour le nouveau-né qui débarque dans un monde totalement inconnu, comme pour ses parents qui ne savent presque rien du petit être autour duquel va tourner toute leur vie, l'aventure promet d'être bien palpitante ! D'un côté comme de l'autre, la découverte va se faire de la même façon : par l'observation.

Évolution de bébé : ils sont dotés de bons sens à la naissance

Vous avez, bien sûr, l'avantage. D'abord parce que votre bébé, qui dort une grande partie de son temps, vous laisse tout loisir de l'observer en catimini. Ensuite, parce que l'imperfection de ses "outils" limite provisoirement ses investigations. Et pourtant, du côté des sens, il est déjà bien pourvu.

Il a l'ouïe fine. Dans le ventre maternel, il percevait déjà des sons ; il reconnaît les plus familiers dès la naissance. Bien sûr, il n’identifie pas les bruits, mais il les différencie. Très vite (la première semaine), il va réagir en clignant des paupières. Alors qu’un son doux – voix humaine, musique – l’apaise, un éclat soudain – cri, claquement de porte… – le fait sursauter.

Son sens tactile très aiguisé lui offre des sensations fortes, procurées notamment par vos caresses, mais aussi par les mouvements de son propre corps.

Si sa vision est moins au point, il distingue cependant la clarté de l’obscurité, une lumière vive lui fait tourner la tête et il perçoit des formes. Cela va s’améliorer au cours des premiers jours.

Il peut aussi sentir et goûter. Un nouveau-né identifie les quatre saveurs de base : sucrée, salée, acide, amère. Et devinez pour laquelle il montre déjà une très nette prédilection ?

Vie de bébé : ces premiers réflexes

D'un point de vue moteur en revanche, un bébé est très limité. Son tonus musculaire est concentré dans ses membres (ce qui explique leur flexion quasi permanente), alors qu'il est très faible au niveau de la tête et du tronc. Parce qu'il ne contrôle pas ses muscles cervicaux, il ne peut tenir sa tête droite. Et comme il en est de même pour les muscles vertébraux et lombaires, il peut encore moins tenir assis. Couché, il reprend la position fœtale, jambes fléchies; sur le ventre, il lève son petit derrière en l'air. Tous ses mouvements sont involontaires, régis par les réflexes dits archaïques ou primaires, acquis progressivement au cours de la gestation. On connaît en général les quatre ou cinq principaux réflexes, mais à la naissance, un bébé en possède beaucoup plus. Le principe de ces mouvements automatiques : le corps réagit de lui-même à une stimulation, sans que le nouveau-né puisse le contrôler. Petit aperçu des plus étonnants.

Facile à observer, le réflexe de succion se déclenche en posant simplement un doigt sur la bouche du nourrisson. Ses lèvres s’entrouvrent automatiquement pour téter le doigt. Ce réflexe complète celui des “points cardinaux” : quand on lui effleure les commissures des lèvres ou la joue, sa tête se tourne du côté de la zone stimulée, et il cherche à téter… Ce qui lui permet de s’orienter pour retrouver le mamelon du sein maternel. Côté goût, on a découvert la préférence des nourrissons pour la saveur sucrée grâce au réflexe gusto-facial : c’est lui qui leur fait exprimer plaisir ou déplaisir par une petite mimique.

Joliment surnommé, le "réflexe de l'escrimeur", le réflexe tonique du cou apparaît lorsque le nouveau-né, quand il est couché sur le dos, tourne la tête : le bras et la jambe du côté de la tête s’allongent, alors que ceux du côté opposé se replient.

Le réflexe d’embrassement (ou réflexe de Moro) est provoqué par une situation de stress : les avant-bras et le dos se tendent, les bras et les doigts s’écartent, puis les bras se referment et fléchissent. Ce réflexe de défense apparaît ainsi quand on soulève le bébé et qu’il sent sa tête, privée d’appui, partir en arrière. Il manifeste généralement son désagrément par un cri ou par une expression d’anxiété.

Contrariant, le réflexe d’agrippement (ou “grasping reflex”) fait se refermer fortement la main du bébé au moindre attouchement de la paume. Ce qui l’empêche de saisir quoi que ce soit.

La marche automatique vous promet quelques moments plaisants d'observation : maintenu en position verticale, le tout-petit esquisse des pas – sur la plante des pieds quand il est né à terme, sur la pointe s’il est né prématurément. Il a également le réflexe de la nage automatique (petits mouvements dans l’eau et respiration bloquée en immersion). Enfin, si on lui caresse la voûte plantaire quand sa jambe est étendue, le réflexe d’extension croisée entraîne l’autre jambe à se plier et se diriger vers la source de stimulation.

Le pédiatre surveille attentivement la présence et le bon fonctionnement des principaux réflexes archaïques, gages d’un développement satisfaisant. Au cours des six premiers mois, la plupart d’entre eux vont se transformer en mouvements volontaires. Cela ne veut pas dire que l’enfant n’aura plus de réflexes instinctifs, mais seulement qu’il pourra de mieux en mieux contrôler ses mouvements.

Le contact corporel avec ses parents est primordial pour le bébé. Il constitue la base de vos premiers jeux avec lui. En manipulant votre nourrisson, vous l'aidez à découvrir et à prendre conscience de son corps. Mais surtout, vous lui communiquez cette chaleur, cette confiance dont il a grand besoin. Si vous en faites trop, ses grimaces et chouinements vous en avertiront !

L'évolution va se faire par étapes, au fur et à mesure de la maturation de son système cérébral, du passage du tonus musculaire des membres vers l’axe du corps, et du renforcement de ses muscles. Et cela va lui ouvrir bien des horizons !

Développement pas à pas : quels sont les premiers comportements moteurs chez un nouveau-né ?

Les deux premiers mois, du désordre mais des progrès

Aucun réflexe ne s'est encore transformé. Ses mouvements restent désordonnés.

Incapable de modifier sa position, le nourrisson reste tel qu'on l'a placé. Couché sur le dos, il conserve une attitude asymétrique du corps et des membres. Il faut absolument lui soutenir la tête en le soulevant, car elle dodeline. Toutefois, couché sur le ventre, il la redresse fugitivement.

Sa vision a fait des progrès notables. On remarque qu’il suit des yeux, en particulier le déplacement d’un visage. Dès le premiers mois, le nouveau-né manifeste une préférence pour les visages humains. De même, il adore entre tous le son de la voix humaine. Au point que, vers 5 mois, il sait différencier les intonations.

Au deuxième mois, les parents assistent, sous le charme, à un événement: le premier vrai sourire, appelé moins poétiquement le "sourire social" par les professionnels.

C'est le départ d'une communication mutuelle consciente, de ces échanges qui vont tant contribuer à son développement. Le tout-petit cherche à capter le regard. Il ne se contente plus d’entendre le son de la voix humaine : il l’écoute. Et lui-même émet des sons de plus en plus diversifiés.

Ses mouvements deviennent moins saccadés, plus souples. Couché sur le dos, il a toujours les membres en flexion ou semi-flexion. Mais ses mains restent plus souvent ouvertes.

Une tête plus tonique: couché sur le ventre, il la maintient à 45° dans le prolongement du dos. Rendu possible par l’augmentation du tonus du cou, le passage d’une tête qui dodeline à une tête droite se fait progressivement au cours des premiers mois. Il faudra lui soutenir la nuque jusqu’à 6 mois.

Le troisième mois, un peu plus tonique

Avec la maturation cérébrale, certains réflexes archaïques disparaissent, notamment celui de l'agrippement: ses mains ne se referment plus au moindre contact sur la paume.

Il ne peut pas encore saisir un objet. Dommage pour lui, car il les observe, les suit des yeux avec envie, surtout s’ils sont de couleur ou s’ils font du bruit. Il tend les bras vers eux quand il est sur le dos. Pour l’instant, il ne jouit que de ce qu’on appelle la “préhension au contact” : lorsque vous placez un hochet au contact de sa main, il l’ouvre et la referme sur lui. Mais il ne le retient que quelques secondes. Son corps aussi l’intéresse vivement et il regarde ses mains.

Si on le tient assis, il garde la tête droite, mais la région lombaire restant faible, son dos est arrondi. On ne peut pas encore le laisser dans cette position.

Couché sur le ventre, il soulève maintenant le haut du tronc, en prenant appui sur ses avant-bras. Sur le dos, il remue allégrement les jambes, alternant flexion et extension…

Son univers visuel et sonore s'élargit. Il distingue les couleurs. Il tourne la tête vers la source d’un bruit. Et ses émissions vocales se sont considérablement enrichies : premiers cris de joie, premiers “areu”, ou gazouillis, plus scientifiquement appelées “vocalisations prolongées”.

Le quatrième mois, la langue et le corps se délient

Après les cris de joie, les éclats de rire ! Le nourrisson, qui réagit désormais à son prénom, devient décidément de plus en plus bavard. Les sons qu'il produit ne sont plus "réactionnels", en réponse à des sensations bonnes ou mauvaises. Un véritable dialogue s'installe entre lui et ses parents. Toutefois, il ne maîtrise pas tout à fait ses émissions vocales... dont il est parfois le premier surpris !

Il poursuit l'exploration de son corps en touchant son ventre et ses genoux, couché sur le dos. Mettant à profit son tout nouveau contrôle des muscles abdominaux, il produit des mouvements du bassin qui le conduisent à rouler sur le côté.

Il a perdu le premier réflexe de la nage automatique, mais il “nage” en position ventrale. Ses membres vont alors jusqu’à l’extension complète.

Si l'on pose un objet dans sa main, il l’attrape, le secoue en tous sens mais il le perd souvent ! Ses mains à elles seules lui servent de jouets, à présent qu’il peut les réunir.

Le cinquième mois, tout à la bouche

Avec l'apparition de la préhension volontaire, le tout-petit va pouvoir mieux satisfaire sa convoitise pour les objets. Enfin, il saisit seul un jouet - à condition qu'il soit assez volumineux. Encore maladroitement, il faut l'avouer, car il ne se sert que de la paume et des trois derniers doigts de la main. Et aussitôt, il le porte à sa bouche !

S'il est allongé et qu'on l'attire vers soi, il participe et peut même rester assis, à condition d’avoir le dos soutenu. Il profite au mieux de son transat, avant d’être trop remuant pour y rester sans risque. Pour son plus grand bonheur, car ne dormant plus “que” quinze heures en moyenne (contre dix-sept à vingt à sa naissance), il peut ainsi mieux prendre part à la vie familiale. De ce poste d’observation, il reçoit de précieuses informations auditives et visuelles.

Pédaler devient une de ses activités favorites quand il est sur le dos. Comme quand il est maintenu en position verticale, et qu’il soutient seul une grande partie du poids de son corps.

Il tente de passer du ventre sur le dos, et ne tardera plus à y parvenir. Il se tient déjà bien en appui sur ses avant-bras, paumes à plat ; et même sur le buste, bras étendus sur le côté, comme un petit avion.

Il sourit à son image en la découvrant devant un miroir, et émet ces petits bruits dont il a désormais le secret.

Le sixième mois, nouvelles étapes en termes de motricité et d'émotions

Ça y est ! Il se retourne du ventre sur le dos, et même du dos sur le ventre. Ce qu'il ne parvient pas encore à faire, en dépit de ses efforts, c'est à s'asseoir lui-même quand il est sur le dos - position dans laquelle il manifeste un vif intérêt pour ses pieds, source inépuisable d'amusement.

Il peut désormais jouer sur le ventre, se redressant sur ses mains et se lâchant pour tenir en appui sur le tronc.

Doté d'une bonne préhension volontaire, il attrape, seul, les jouets placés à sa portée, les tient fermement et les passe d’une main dans l’autre. Il peut même s’offrir le luxe de manipuler un jouet, tout en convoitant un autre objet du regard. Il commence à comprendre que l'objet existe même quand il ne le voit pas. Cependant, s'il cherche son jouet des yeux quand il l'a laissé tomber, il faudra attendre ses 9 mois environ avant qu'il n'essaie de retrouver les jouets s'il ne les voit plus.

Maintenu debout, il se régale à sautiller, en faisant supporter à ses jambes quasiment tout le poids de son corps. Assis, il parvient à joindre les pieds.

Ses productions sonores se diversifient : il roucoule, chuinte, crie, grogne… Il varie la hauteur, l’intensité, la durée et l’intonation des sons. Et cela, sous contrôle, avec interruption à sa guise.

Il exprime ses sensations, plaisir ou mécontentement. Essayez, juste pour voir, de lui subtiliser un jouet ! Quand il a envie d’un petit câlin, il vous tend les bras sans ambages… À quoi bon résister ?

Les premiers jouets de découvertes de bébé : les incontournables pour son éveil

La girafe Sophie. Facile à saisir et à garder, légère et souple, ce classique du jouet n'a encore jamais rencontré de concurrent à sa hauteur.

Le hochet. D'abord agité par les parents, il captive le nourrisson, qui s'en empare dès qu'il le peut. Variez les plaisirs avec des modèles aux textures et aux sons différents, mais en évitant les plastiques durs.

Le portique. Il attire à la fois l’œil et l'oreille. Le bébé peut en outre manipuler les éléments lui-même, sans craindre qu'ils ne lui échappent. Toutefois, comme justement, le portique demande beaucoup de concentration et fatigue vite, il faut éviter de laisser son enfant (à partir de trois mois) devant ou dessous plus de dix minutes d'affilée.

Le tapis d'éveil. Dès 3-4 mois, couché sur le ventre pour de brèves séances d'éveil, puis en position assise à 8-9 mois, c'est une source inépuisable de découvertes.

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