Pour ou contre une réforme du congé parental ?

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par

Congé parental - Pour ou contre la réforme

Congé parental : faut-il le faire évoluer ?

La réforme du congé parental est en marche. Le gouvernement souhaite le réduire. Mais la nouvelle formule envisagée ne remporte pas l’adhésion de tous. Alors, pour ou contre un congé parental mieux réparti entre les deux parents ?

La Ministre des droits des femmes a dévoilé en juillet les grandes lignes de son projet de réforme du congé parental présenté devant le Sénat ce lundi 16 septembre 2013. Le gouvernement souhaite le limiter à deux ans et demi. Il est également question dans ce projet de réforme de mieux répartir le congé parental entre les deux parents. Les six mois supplémentaires ne pourraient être pris que par le deuxième parent. Ce congé devait au départ être mieux indemnisé (mesure prévue au moment où les interviews qui suivent ont été réalisées) mais la réforme de Najat Vallaud Belkacem prévoit au contraire un plafonnement de cette allocation à 388 euros pour tous les foyers.

POUR la réforme du congé parental : Brigitte Grésy, Inspectrice générale des affaires sociales

« Je suis favorable à cette réforme. Cette mesure faisait d’ailleurs partie de mon rapport sur la parentalité rendu en 2011. Le congé parental concerne majoritairement les femmes (96 %). Il y a deux cas de figure. Les femmes qui continuent de travailler à temps partiel et celles qui cessent totalement leur activité (12 %). C’est cette deuxième situation qui pour moi est préoccupante. Personne ne peut contester que cette coupure de travail est préjudiciable et fragilise l’employabilité de ces femmes. Il est évident qu’au bout de trois ans, on ne retrouve pas un emploi comparable. La conséquence est que ces mères peinent à revenir sur le marché du travail. De plus, le montant du complément de libre choix d'activité (CLCA) est d’environ 500 euros. C’est extrêmement faible. Cela met les familles dans une situation de précarité. Derrière cela, le risque, c’est la pauvreté des enfants. En rémunérant mieux le congé parental (60 % du salaire), on maintient les gens dans l’emploi. (NDLR: l'augmentation de l'indemnisation ne figure plus dans le projet de réforme). Ce qu’il faudrait en plus de raccourcir le congé, c’est mettre en place des dispositifs (formations, bilan de compétences) pour justement raccrocher les bénéficiaires au monde du travail. En Suède, le salarié conserve des liens professionnels avec son employeur.
En ce qui concerne la proposition de mieux répartir le congé parental entre les deux parents, c’est évidemment une bonne chose. Les modèles parentaux ont évolué, on s’oriente vers des formules qui puissent permettre un égal accès des hommes et des femmes aux responsabilités familiales et professionnelles. Ce qui est proposé, c’est une période garantie pour le père : 1 mois sur les 12 mois, non transférable. Cela se fait partout en Europe. Il faut que les hommes entrent dans une paternité active le plus tôt possible. Tout procédé permettant d’accroître le rôle du père est positif. »

CONTRE la réforme du congé parental : François Fondard, président de l’Union nationale des associations familiales (UNAF)

« Nous sommes opposés à un raccourcissement du congé parental. Cette mesure concerne aujourd’hui 500 000 personnes. Dans 60 % des cas, elle est choisie. Et le retour à l’emploi se passe bien pour 81 % des femmes. Le réduire à un an poserait d’énormes problèmes aux bénéficiaires car cela risque d’accentuer le problème des modes de garde. Actuellement, le congé parental peut prendre fin au plus tard aux trois ans de l’enfant, donc jusqu’à l’entrée en maternelle. Ce qui est bien fait. S’il est raccourci, comment vont faire les familles pour faire garder leurs enfants pendant cette période. Il manque déjà 350 000 places d'accueil pour les 0-3 ans. Aujourd’hui, ce sont les femmes qui le prennent majoritairement. C’est une question d’arbitrage financier, on connaît les différences de salaires entre hommes et femmes.
Si le congé était mieux rémunéré, avec un pourcentage du salaire, nous pensons aussi qu’il y aurait un meilleur partage dans le couple. Pourquoi pas. On peut réfléchir à plusieurs types de congés parentaux. Mais il faut que les femmes qui souhaitent s’occuper de leurs enfants pendant trois ans puissent continuer à le faire. Cette décision est prise par un certain nombre de familles. Et c’est aussi grâce à ce type de dispositif que nous disposons d’une dynamique démographique bien supérieure à nos voisins. »

 

Le point de vue des mamans

« Pour quoi faire, on n’est pas obligé de s’arrêter pendant 3 ans. Et cela existe déjà avec le COLCA  qui permet de prendre un an en étant mieux indemnisé. Je trouve que trois ans c'est bien, ça permet de s'occuper de son enfant avant l'entrée à l’école. C'est un choix pour nous, car vu nos horaires de travail, tout notre argent passerait dans les modes de garde et bonjour le rythme soutenu pour les tout-petits. Ce qu’il faudrait surtout, c’est plus de places en crèche et des horaires plus flexibles. »
stephanie380

« Moi je suis totalement pour ! Pour mon premier enfant, je n'ai pas pu prendre de congé parental à cause du montant de l'indemnité... Si cette dernière est augmentée, cela serait envisageable, ne serait-ce qu'un an pour profiter un peu de mon bébé... car j'ai vraiment la sensation d'avoir loupé beaucoup de choses avec mon premier en le mettant en garde à seulement 4 mois. »
PtitesMimines

« Donner la possibilité de ne prendre qu'un an, mieux indemnisé, dès le premier enfant, je dis oui mais il faut que ça reste un choix. On ne "réforme" pas notre libre choix d'activité actuel pour le raccourcir à 12 mois pour tout le monde... Et qu'en sera-t-il pour celles qui optent pour un congé à temps partiel ? »
noumonia273