Allaitement : le témoignage d’un "mauvais père"

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Grégory, un papa, nous livre son témoignage de "mauvais père" sur l’allaitement et les nombreuses injonctions qui pèsent sur les épaules des jeunes mamans…

Le regard critique d’un jeune papa sur l’allaitement

"Le principal avantage d’être un mauvais père, c’est que l’on est disqualifié, de fait, pour le titre de mère indigne. Comme je suis plutôt du genre humble, ça m’aurait embêté d’avoir les deux distinctions. Ce qui est bien quand on est père, c’est que comme on s’attend à ce que vous ne soyez pas impliqué (ou alors pas comme on le souhaite), on n’attend pas grand-chose de vous. En revanche, j’ai toujours été impressionné par le nombre d’injonctions à la perfection qui pèsent sur les épaules de nos chères épouses. Et dans certains cas, ces injonctions peuvent être contradictoires.

Si l’on prend l’exemple de l’allaitement, on passe d’un extrême à l’autre. Soit la femme allaite et l’on dit qu’elle est soumise, asservie par la tétée et qu’il faut la libérer, soit elle n’allaite pas et l’on dit qu’elle ne donne pas le meilleur pour son enfant. Pas facile.

A titre personnel, je suis plutôt pour l’allaitement. De ce que j'ai pu lire sur le sujet, c'est plutôt mieux pour l’enfant (si Dame Nature a inventé les poussées de lait, c’est que cela doit être pour une bonne raison). Quand ma femme a décidé d’allaiter, je me levais pour lui amener l’enfant afin qu’elle n’ait pas à se lever pendant la nuit.

Maintenant, il ne faut pas que cela tourne à l’obsession. Allaiter à tout prix, même si cela ne marche pas bien, même si la mère est fatiguée, il y aura toujours quelqu’un pour glisser un petit "Allez, courage, c’est mieux pour votre enfant", histoire de bien faire culpabiliser. Quand ma femme ne dormait pratiquement plus à cause de l'appétit vorace de notre cadette, il a fallu que j’use de tous mes talents de négociateur pour introduire le biberon dans l’alimentation. J'ai eu gain de cause quand je lui ai proposé de passer au biberon entre 1H00 et 7H00 (bizarrement, elle n'a pas trouvé beaucoup d'arguments contre).

Même si je pense avoir été présent au cours de l’allaitement et jusqu’à son arrêt, je trouve que l’allaitement, surtout s’il dure, est quand même une forme d’exclusion du père. On aura beau dire que le père a toute sa place dans la promotion de l’allaitement, dans sa « logistique » (trajet couffin-Maman – Maman/couffin), l’homme doit s’insérer dans une relation Mère/Enfant où le Père n’a pas forcément sa place. Heureusement, cela n’a pas été mon cas. Mais si ma femme avait été fusionnelle avec nos enfants, comment aurais-je pu avoir un moment privilégié avec eux ? Comment pourrais-je penser mon rôle de père indépendamment de celui de la mère ? Au cours de la petite enfance, si le père veut s’impliquer, son rôle doit-il se limiter à un rôle supplétif ?

Même si je peux dire que j’ai eu des expériences heureuses autour de l’allaitement, j'ai eu vraiment du mal quand j'en ai parlé à des collègues femmes qui m'ont limite insulté parce que j'avais osé fourrer mon nez dans l'intimité de ma femme. A ces "pisses-froides", j'aimerais juste rappeler qu'un enfant, ça se fait à deux. Du début à la fin."

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