Allaitement : les contre-indications

Publié par Marion Thuillier  |  Mis à jour le par Hélène BourCarole Hervé, consultante en lactation IBCLC, auteure de "Mon allaitement sur mesure" aux Editions Albin Michel

On le sait, l’allaitement maternel a de nombreux bienfaits pour la santé du bébé, mais aussi de la maman. Il existe cependant quelques maladies et certains traitements incompatibles avec le fait de donner le sein à son enfant. Tour d’horizon de ces contre-indications.

Les maladies du bébé qui peuvent compliquer l'allaitement

Chez le nouveau-né, la seule contre-indication totale et définitive à l’allaitement est la galactosémie congénitale. Il s’agit d’une maladie très rare qui empêche le bébé d’assimiler le lactose. Il ne peut donc digérer ni le lait maternel, ni aucun lait infantile. En cas de phénylcétonurie, un autre trouble de l’assimilation, le bébé peut en revanche être mis au sein si on lui donne aussi du lait en poudre sans phénylalanine en complément.
Par ailleurs, une malformation de la bouche (fente labiale ou palatine) peut rendre la tétée difficile. Lorsque la succion est vraiment trop compliquée, voire impossible, vous pouvez toujours tirer votre lait afin que votre enfant puisse bénéficier quand même de ses bienfaits.

Côté maman : les maladies qui contre-indiquent l'allaitement

Chez la maman, les contre-indications à l’allaitement maternel restent assez exceptionnelles. Allaiter est ainsi déconseillé si elle souffre d’une maladie cardio-vasculairerénale ou respiratoire sévère, car cela peut aggraver son état de santé.
L’infection par le VIH nécessite aussi l’arrêt complet de l’allaitement en raison du risque de transmission du virus du sida à l’enfant. Des études ont montré cependant que les virus contenus dans un lait chauffé à 62,5°C pendant 30 minutes étaient détruits et que le bébé pouvait donc recevoir du lait maternel ainsi traité.
Concernant les hépatites, elles ne sont pas considérées comme des contre-indications à l’allaitement, sous réserve que l’enfant soit vacciné à la naissance (hépatite B) ou que la mère ne soit pas dans la phase aiguë de la contamination (hépatite C).
Les maladies virales banales (rubéole, rougeole, oreillons, varicelle…) ne compromettent pas non plus l’allaitement, et en cas de cytomégalovirus, le lait maternel n’est contre-indiqué que s’il s’agit d’un bébé prématuré.

Les contre-indications temporaires à l'allaitement maternel

Certaines infections bactériennes comme la listériose, la gonococcie, les infections à salmonelles ou les streptocoques, peuvent imposer des sevrages et des séparations temporaires*. Selon les cas, vous pourrez reprendre l’allaitement après 24 heures de traitement ou lorsque les examens montreront que votre lait n’est plus contaminé. Si vous avez de l’herpès avec des lésions sur un sein, il faut éviter de mettre votre bébé en contact avec elles, surtout s’il a moins d’un mois. En revanche, il n’y a aucun danger à lui donner votre lait tiré du sein atteint, ni à l’allaiter avec l’autre sein.
* Allaiter Aujourd’hui n°33, publié par la Leche League France et disponible sur www.lllfrance.org.

Voir le dossier Médicaments et soins de la mère allaitante de La Leche League 

Les médicaments dangereux pour l’enfant

Très peu de médicaments sont réellement incompatibles avec l’allaitement maternel, car contrairement à ce que l’on peut penser, l’enfant reçoit en moyenne au maximum 1 % de la dose du traitement ingéré par sa mère. Les médicaments qui posent vraiment problème sont donc ceux qui restent longtemps dans la circulation sanguine et comportent ainsi un risque d’accumulation. Cependant, il existe presque toujours une bonne alternative thérapeutique à la plupart des médicaments contre-indiqués, sauf en cas de traitement d’un cancer par chimiothérapie. N’hésitez donc pas à vous renseigner auprès d’un médecin compétent sur le sujet, d’un consultant en lactation ou de la Leche League, afin de trouver les médicaments qui conviennent le mieux. Le site français www.lecrat.org ou encore un centre de pharmacovigilance pourront également vous renseigner.

Concernant l'alcool et le tabac, bien sûr, il est conseillé de limiter leur consommation, mais même dans ce cas, certaines études ont montré que les enfants allaités se portaient mieux que ceux nourris au lait industriel*. Pour atténuer les effets nocifs du tabagisme et de l’alcool, veillez toujours à donner le sein à votre enfant avant de consommer une boisson alcoolisée ou de fumer, plutôt qu’après. En revanche, la consommation de drogues, en particulier le cannabis, est formellement contre-indiquée au cours de l’allaitement.
* Selon les recommandations de l’Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES)

Une hospitalisation, la fin de l'allaitement ?

Fort heureusement, une hospitalisation ne nécessite pas forcément l’arrêt de l’allaitement. Renseignez-vous sur les possibilités de garder votre bébé avec vous ou qu’on vous l’amène régulièrement dans la journée pour la tétée. Sinon, continuez autant que possible à tirer votre lait pour entretenir la lactation, éviter un engorgement et pouvoir envisager ensuite la reprise de l’allaitement. Ce sera bien sûr plus facile s’il s’agit d’une hospitalisation prévue à l’avance, et cela dépendra aussi évidemment de l’état dans lequel vous serez.

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