Diversifier quand on prolonge l’allaitement

Publié par Marie-Sophie Bazin  |  Mis à jour le par Romy Ducoulombier

Bébé lorgne devant votre assiette ? C’est peut-être le moment de diversifier son alimentation. Mais comment faire quand on allaite ? Nombre de tétées, quantité de viande, de compote… Nos conseils pour y voir plus clair.

Diversifier l'alimentation d'un bébé allaité dès 4 mois ?

Si vous donnez le sein, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande de maintenir l’allaitement exclusif jusqu’à 6 mois, car votre lait contient tous les nutriments nécessaires à la croissance de l’enfant (pas la peine d’ajouter autre chose trop tôt). Magique, sa composition varie selon les besoins nutritionnels de votre nourrisson : au cours de la journée (lors d’une tétée, il s’enrichit en graisse au fur et à mesure que votre sein se vide, par exemple) aussi bien qu’au fil des mois, quand bébé grandit. Le lait maternel est plus digeste que le lait 1er âge et offre une protection immunitaire à votre enfant. En outre, selon ce que vous mangez, Bébé découvre déjà une palette de saveurs différentes à chaque tétée : sucré, salé, épicé… Il ne prend donc aucun retard en matière d’éveil gustatif. Plus tard, à l’heure de la vraie diversification et de la prise d’aliments solides, ses papilles auront gardé cette mémoire, de quoi faciliter l’apprentissage.

Les seuls manques auxquels l’allaitement exclusif ne peut répondre sont ceux en vitamine D (le déficit concerne aussi les bébés non allaités) et en vitamine K1. Conseil, prévoyez une supplémentation en vitamine D de 800 à 1 000 UI/jour jusqu’aux 2 ans de l’enfant ainsi qu’un apport médicamenteux en vitamine K1 à raison de 2 mg /semaine pendant les 3 premiers mois.

Quand commencer à diversifier l'alimentation d'un bébé allaité ?

Introduisez une alimentation de complément entre 5 mois et demi et 6 mois, en fonction de sa curiosité. En effet, même si la valeur nutritive du lait maternel est incontestable, elle finit un jour par avoir ses limites. Elle ne peut plus répondre à elle seule à l’ensemble des besoins nutritionnels et énergétiques de votre petit quand il commence à se dépenser du fait de ses acquisitions motrices. En outre, à cet âge, votre bambin commence à mieux tenir sa tête et à se redresser, ses dents percent, il mâchonne, devient curieux de tout et s’intéresse à ce que vous avez dans votre assiette… Il est donc capable de varier sa nourriture et vous devez l’accompagner dans cette exploration culinaire. Mais attention, celle-ci doit rester synonyme de plaisir et de partage. Les enfants ne sont pas tous réglés comme des métronomes.

A chacun son rythme pour la diversification

Certains auront envie dès 5 mois de goûter la poire dont vous vous régalez, d’autres repousseront encore à 6 mois et demi, voir 7 mois, tout ce que vous leur présentez en dehors de votre sein. Conseil, prenez les recommandations officielles pour ce qu’elles sont : de grands principes nutritionnels servant de repères pour vous guider mais pas pour vous mettre la pression. On n’est pas à quinze jours près. Si Bébé commence sa diversification à 7 mois, pas de drame. En revanche si à 8 mois, vous le sentez toujours désintéressé par l’alimentation solide, consultez pour prendre conseil et vous assurer qu’il ne souffre d’aucune pathologie particulière.

Y a-t-il des risques à repousser la diversification alimentaire plus tard ?

De nombreux pédiatres soulignent l’existence d’une période propice entre 4 et 7 mois pour que la muqueuse intestinale du bébé apprenne à « tolérer » différents types d’aliments. On sait que certaines denrées, le gluten par exemple, peuvent augmenter les risques d’allergies si elles sont introduites trop tôt (avant 4 mois) ou trop tard (au-delà de 6-7 mois). De plus, quand l’enfant, en grandissant, n’est nourri qu’avec du lait, des carences en fer, en zinc et en vitamine A peuvent apparaître, surtout la deuxième année. On observe aussi parfois un déficit en vitamine B6, voire en vitamine B12 chez les bébés dont les mères sont exclusivement végétaliennes (régime sans protéines animales). En maintenant l’allaitement tout en diversifiant l’alimentation de votre enfant avec de la viande, du poisson, des légumes et des matières grasses (beurre, huile végétale, fromage) à partir de ses 6 mois, vous comblerez l’ensemble de ses besoins nutritionnels.

Comment doit-on introduire les aliments de bébé  ?

Tout est affaire de psychologie et d’écoute. Au début, commencez par offrir le sein à Bébé avant de lui proposer autre chose, le lait sera son hors-d’œuvre avant de goûter à des légumes frais en purée, ou encore de la viande ou du poisson mixés, selon l’expérience gustative du moment. La diversification doit se faire progressivement, un nouvel aliment à la fois et en petite quantité. L’introduction es fruits arrive en dernier, pour ne pas habituer trop vite votre petit au sucré avant d’avoir appris d’autres goûts. Faites-lui découvrir les saveurs et les textures sans jamais le forcer. Il refuse ceci ou cela ? N’insistez pas, mais ne baissez pas les bras : vous réessaierez plus tard. Parfois, c’est au bout de huit à dix tentatives qu’il se mettra à apprécier le jambon ou les carottes qu’il détestait de prime abord. Si, vraiment, ça ne passe pas, n’en faites pas un drame. Il ne se laissera pas mourir de faim, votre lait est toujours là pour le nourrir. La diversification alimentaire doit être synonyme de plaisir, de convivialité, de partage.

Quelles sont les rations recommandées pour bébé ?

Entre 6 et 8 mois, l’OMS préconise 2 à 3 cuillères à soupe de bouillies deux fois par jour + 2 en-cas à la demande, en maintenant des tétées fréquentes. Augmentez ensuite régulièrement les rations pour atteindre les 2/3 d’une tasse de 250 ml à chaque repas. Entre 9 et 11 mois, proposez à Bébé, un demi-bol de 250 ml, 3 à 4 fois par jour + 1 ou 2 collations au besoin + les tétées. La nourriture doit être hachée ou réduite en purée. Entre 12 et 23 mois, même régime mais en quantité plus importante : les trois quarts ou un bol entier de 250 ml à chaque festin en plus des tétées. Attention, là encore, prenez ces chiffres à titre indicatif mais n’en faites pas une obsession. Il en est des bébés comme des adultes : certains ont besoin de beaucoup manger pour grossir, d’autres moins. Si votre enfant se nourrit peu en dehors des tétées et que vous craignez une carence, observez la couleur de l’intérieur de ses paupières : si elle est bien rouge, Bébé va bien ; si c’est pâle, il fait peut-être une anémie. Consultez votre pédiatre.

Et si Bébé fait la grève du sein ?

Cela peut arriver, rarement plus de quelques jours. Continuez à proposer votre sein et en cas de refus persistant, tirez votre lait pour maintenir la production.

Jusqu’à quel âge peut-on prolonger l’allaitement après la diversification ?

Vous pouvez donner le sein aussi longtemps que vous le souhaitez, dès lors que vous complétez par une alimentation solide adaptée. Le seul piège avec l’allaitement long, c’est de le maintenir “à la demande”. Quand Bébé grandit, il doit apprendre l’allaitement “à l’amiable”, c’est-à-dire savoir patienter quand vous n’êtes pas disponible. Non, il ne peut plus téter quand bon lui semble. Vous avez aussi vos impératifs. Vous allez collaborer ensemble en respectant au mieux les besoins de chacun. Faites-lui confiance pour se sevrer naturellement, il s’arrêtera de téter lorsqu’il sentira que c’est le bon moment.

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